Suivre la route 66 depuis Flagstaff

Est-il possible d’effectuer un roadtrip aux États-Unis sans y inclure un passage sur la célèbre Route 66 ? Incroyable mais vrai, c’est ce que j’avais initialement prévu pour mon périple de trois semaines dans l’ouest américain. Ce n’était pas un manque d’intérêt de ma part : j’avais juste un planning déjà suffisamment chargé sans que je cherche à faire des détours. Mais c’était oublier que les détours font partie de l’essence d’un roadtrip.

D’ailleurs, peut-on vraiment parler de roadtrip quand on parle de la route 66 ? Avec près de 4000 kilomètres, cette route qui va de Chicago à Los Angeles fut la première à traverser d’Est en Ouest les États-Unis. De là à penser que, peu importe où se trouve, la route 66 n’est jamais loin, il n’y a qu’un pas. Dans mon cas, c’est sur la fin de mon itinéraire que je suis arrivé à Flagstaff, Arizona. Une étape que j’avais d’abord vu comme un point de chute pour la nuit, en me disant que j’y trouverais bien de quoi m’occuper le lendemain. En pratique, Flagstaff abrite notamment l’observatoire Lowell, connu principalement pour avoir été l’endroit où fut découvert Pluton, en 1930. Mais quand on a été vu l’observatoire Griffith à Los Angeles, est-ce que ça vaut vraiment le déplacement ?

Ne comptez pas sur moi pour vous répondre, je n’ai finalement pas mis les pieds à l’observatoire Lowell. A la place, je me suis rendu compte qu’une partie de la Route 66 traversait Flagstaff. L’idée me vient alors de l’emprunter sur quelques kilomètres, ne serait-ce que pour dire de l’avoir fait…

Dans les faits, si la Route 66 traverse bien Flagstaff, on est loin de sa gloire d’antan. Aujourd’hui, elle a laissé place à une grande avenue à plusieurs bandes pour accueillir le flot de véhicules qui y transite chaque jour. Pour voir le tronçon historique, il faut donc quitter l’artère principale qui traverse Flagstaff et aller dans une rue parallèle, la South San Francisco Street. Malheureusement, je n’y ai pas trouvé grand chose de vraiment intéressant, mis à part une superbe fresque d’art urbain illustrant les différentes facettes de la route mythique. J’ai ensuite remonté une partie de la « nouvelle » route 66, sans rien trouver qui m’intrigue suffisamment pour justifier un arrêt. Mais si ce n’est à Flagstaff, où aller pour espérer entrevoir un véritable bout de Route 66 ?

De Flagstaff, il faut partir vers l’Ouest sur une autoroute à quatre bandes sans aucun charme, l’interstate 40. Il existe en effet encore d’anciens tronçons historiques sur lesquels bifurquer, et où on peut découvrir des petites villes qui tentent de faire revivre la grande époque de la Route 66… ou de vous ramener à une époque plus récente, celles ou les véhicules de Cars faisaient vibrer petits et grands.

L’action de ce film d’animation signé Disney / Pixar prenait effectivement place dans une ville fictive qui s’était trouvé coupée du monde lorsqu’une autoroute avait été construite pour remplacer la Route 66. Nous sommes en plein sur l’autoroute en question et, si la ville de Cars n’existe pas vraiment, elle s’inspirait du sort qu’ont connues de vraies villes. Il y a quelque chose d’assez logique dans le fait que certaines d’entre elles essaient à présent d’attirer les touristes en proposant une reproduction de la ville de Cars, avec certains véhicules reprenant les traits de ceux du dessin animé.

Couper la poire en deux : Williams

Première sortie de l’autoroute, à plus ou moins une demi-heure de Flagstaff, on entre dans Williams en passant sous son nom, inscrit en fer forgé au dessus de la route. C’est déjà plus intéressant que Flagstaff : de taille réduite, Williams possède un charme indéniable qui invite le chaland à s’y arrêter pour y flâner le temps d’une heure ou deux. Elle ne compte qu’une double avenue principale sur laquelle on retrouve toute une série de petits commerces typiques. Il y a également une gare, à partir de laquelle on peut prendre un train pour aller jusqu’au Grand Canyon (côté Sud). Une expérience assez spéciale, semble-t-il.

Avec son grand nombre de boutiques en tout genre, ce fut l’occasion pour moi d’acheter quelques souvenirs à offrir à mes proches au retour. On trouve de tout à Williams, des vêtements aux bijoux, en passant par de la musique autochtone. Il y a également pas mal de restaurants dans cette avenue, dont notamment un dinner complètement kitchissime, façon années 50, histoire de rester dans l’ambiance. Forcément, plus que son menu, c’est son look qui attire : en plein centre-ville, il se repère facilement avec sa façade rouge criarde et la voiture qui trône sur son toit. L’intérieur est du même acabit, même si on sent bien que le tout a été aménagé de manière à accueillir les touristes de passage… J’y ai trouvé mon compte, ne serait-ce qu’en observant la décoration.

Williams est donc l’endroit idéal pour faire un arrêt, le temps de faire quelques emplettes et pour manger un morceau.

Selligman : la ville de Cars

En roulant une vingtaine de minutes de plus, on atteint une nouvelle sortie, celle menant à Selligman. Cette ville est encore plus petite que Williams, mais il suffit d’en traverser la rue principale pour se rendre compte que nous sommes au bon endroit. Une station service, des véhicules avec de grands yeux peints sur leurs parebrises… C’est la ville de Cars, dans laquelle on peut retrouver certains de ses habitants. Les habitants du coin ont en effet récupéré d’anciens véhicules correspondants à ceux du dessin animé, les ont repeints, leur ont ajouté des yeux… Le tout suffit à faire le bonheur des enfants et des touristes en général.


Des touristes, Selligman en voit manifestement défiler des tonnes. Un bus est justement en stationnement devant l’un des magasins. Il a déversé son lot d’adolescents français (comme par hasard) qui se prennent en selfie devant chaque mètre carré de Route 66 avant de remonter à son bord. Les reliques sont nombreuses, du simple panneau routier à la fresque murale en passant par tout un tas d’enseignes. En cela, la grande rue de Selligman relève plus du décor que d’un centre-ville. Ce sont d’ailleurs majoritairement des boutiques de souvenirs qui couvrent les deux trottoirs, mais sans rien offrir de très original. Ce qui les distingue les unes des autres se trouve plus dans leur mise en scène que dans leur marchandise.

Les voitures exposées en devanture (ou dans l’arrière boutique dans certains cas) valent vraiment le coup d’œil : de l’antique voiture de police à la dépanneuse, il ne manque que le célèbre Flash McQueen pour que le casting de Cars soit complet. Il suffit de passer de boutiques en boutiques pour en découvrir de nouvelles. Entre les véhicules anciens, les faux squelettes et l’ensemble des décorations qui hurlent « route 66 ! », les boutiques conservent un charme indéniable malgré leur rôle purement mercantile. Heureusement qu’elles sont là d’ailleurs, sinon que resterait-il à Selligman ? Si les touristes ont l’air nombreux à s’arrêter, ce n’est donc pas pour y rester très longtemps. Contrairment à Williams, il n’y a par exemple quasi rien pour casser la croûte.

Après être resté un peu plus d’une heure sur place, je suis remonté en voiture, satisfait d’avoir fait ces quelques kilomètres de plus. Est-ce qu’il y avait vraiment un intérêt à faire ce détour et à découvrir ce tronçon de la Route 66 ? A mon sens, oui. J’ai trouvé très agréable de déambuler dans les rues de Williams et de me promener dans Selligman pour en découvrir les moindres détails. Si on peut trouver certains aspects un peu artificiels, il faut reconnaître qu’il y a derrière les décors de Selligman une vraie passion : certains bâtiments sont décorés juste pour mettre dans l’ambiance, certaines boutiques contiennent des trésors de vieilles motos… Les habitants aiment véritablement leur route et font de leur mieux pour la mettre en valeur. Si en plus, vous avez des enfants qui sont fans du dessin animé, n’hésitez plus.

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