Connue pour abriter l’une des trois plus belles vues du Japon, l’île de Miyajima – aussi appelée Itsukushima – se trouve dans le sud du pays, à proximité d’Hiroshima. J’avais hâte de découvrir cette île sacrée que beaucoup décrivaient comme l’un de leurs plus beaux souvenirs au Japon. Brisons le suspense sans plus attendre : Miyajima est à la hauteur de sa réputation. J’ai adoré mon temps passé sur place et je n’ai accepté d’en partir que parce que j’avais encore Kyoto à découvrir.
Qu’est-ce qui fait de l’île de Miyajima une étape incontournable ? C’est le sujet du vingt-et-unième épisode de Partir Un Jour, le podcast voyage que j’anime en compagnie d’Aurélie, du blog Saut de Puce. Nous y abordons notre arrivée à Hiroshima, notre visite de la ville mais aussi et bien sûr notre coup de coeur pour Miyajima et ses mille et une merveilles.
Apple Podcast | Abonnez-vous sur Android | Téléchargez le mp3
De Hiroshima à l’île de Miyajima
Pour aller jusqu’à Miyajima, le plus simple est de partir de Hiroshima. N’espérez pas aller jusque-là si vous n’avez prévu que de passer deux semaines sur l’archipel nippon, vous aurez déjà bien assez à faire avec Tokyo et Kyoto. Hiroshima et Miyajima trouvent mieux leur place dans un itinéraire de trois semaines au Japon.
Depuis la gare d’Hiroshima, le trajet jusqu’à l’île est très simple. Ça me paraissait un peu trop simple d’ailleurs, au point que j’ai préféré aller vérifier auprès du bureau d’informations de la gare si j’avais bien compris (note au voyageur : on n’est jamais trop prudent), ce qui était effectivement le cas. Grâce au JR Pass, cet abonnement de train essentiel pour tout déplacement au Japon (je vous renvoie à mon article sur les aspects pratiques), je n’avais qu’à emprunter un train local et le ferry sans débourser le moindre yen supplémentaire.
Une fois dans le train, il faut une demi-heure pour arriver à la gare de Miyajimaguchi, à partir de laquelle il faut encore marcher 500 mètres pour tomber sur le quai d’embarquement. Des ferries font continuellement l’aller-retour entre le quai et Miyajima, tant et si bien qu’il ne faut jamais attendre plus d’un quart d’heure pour en avoir un. Quand j’ai fait ce trajet, en fin d’après-midi, le soleil se couchait derrière les nuages, donnant aux montagnes qui m’entouraient un air très dramatique.
Il ne faut que dix minutes de ferry pour rejoindre Miyajima. Au cours de la traversée, vous aurez sans doute l’occasion d’apercevoir des cultures d’huîtres au milieu des vagues, spécialité de la région. Plus loin, c’est surtout la silhouette du Grand Torii flottant que j’ai remarqué… une silhouette un peu particulière, mais j’y reviendrais.
Une fois sorti du terminal, vous pourriez comme moi tomber nez à nez avec les fameux cerfs sacrés qui se promènent, comme à Nara, en totale liberté. Relativement calmes et dociles, ces cerfs ont tendance à se montrer insistant pour obtenir de la nourriture de la part des touristes. Généralement, il suffit de lever les paumes en l’air pour bien montrer qu’on n’a rien à leur donner.
Contrairement à beaucoup de touristes, j’ai décidé de passer la nuit sur l’île. Un choix un peu onéreux – le ryokan dans lequel j’ai dormi était le plus cher de tout mon voyage, mais c’était aussi le plus confortable. L’avantage, c’est que je suis arrivé sur l’île alors que la plupart des visiteurs en partaient. Je me suis retrouvé à la nuit tombée à me promener dans les rues complètement désertes de Miyajima, dans une atmosphère qui m’a instantanément fait penser au Voyage de Chihiro.
Grimper au sommet du mont Misen
Autre avantage de dormir sur l’île, j’ai pu dès mon réveil me lancer dans l’ascension du mont Misen. Ce mont est le sommet de l’île et culmine à 535 mètres. Après les environnements hyper urbains de Tokyo, Osaka ou Hiroshima, c’est l’occasion de plonger en pleine nature, loin de la foule déchaînée.
Il y a trois sentiers qui gravissent le Mont, en plus d’un téléphérique : la route Momijidani, la route Daisho-in et la route Omoto, classée par ordre de difficulté. J’avais décidé de délaisser le téléphérique pour tout faire à pied et le propriétaire du ryokan dans lequel je logeais m’avais conseillé de monter par le chemin Momijidani pour redescendre par le chemin Daisho-in.
Je ne peux pas me prononcer pour le chemin Omoto mais pour les deux autres, préparez-vous à faire face à de nombreuses marches de pierre. Il y en aurait deux milles en tout sur un parcours de 2,5 kilomètres ! Le problème n’est pas forcément leur nombre, mais surtout leur taille, puisqu’elles demandent de lever haut les jambes. Des affichettes nous mettent en garde contre la présence de vipère mais je n’en ai vu aucune (peut-être est-ce plus le cas en été).
Les sentiers serpentent à travers la forêt, le long de rivières dont les crûes ont longtemps posé de gros problèmes aux habitants de l’île. Régulièrement, des panneaux indiquent le nombre de kilomètres restant jusqu’au sommet… Voire un peu trop régulièrement, il y en a quasiment un tous les cents mètres sur le chemin Momijidani (note au voyageur : la précision, c’est bien, mais point trop n’en faut). Il faut compter entre 1h30 et 2 heures pour l’ascension.
Avant d’arriver au sommet, la végétation s’éclaircit et on commence à avoir un aperçu du paysage : on peut voir à des kilomètres autour de l’île par temps clair, c’est magnifique. On traverse les pavillons Hondo et Reikado, autour desquels on trouve de nombreuses petites statues affublés de bonnets, de casquettes, voire de lunettes de soleil – a priori pour les protéger du froid ou du soleil.
Une plateforme d’observation est installée tout en haut du mont Misen, de manière à avoir une vue à 360° autour de l’île. La vue est spectaculaire, avec la mer intérieure de Seto, de nombreuses petites îles et la ville d’Hiroshima en toile de fond ! Un paysage magnifique, digne de cartes postales.
La descente par la route Daisho-in permet de découvrir un autre coin de forêt, un sentier le long duquel on trouve parfois des statues, parfois de petits autels, voire carrément des sanctuaires dissimulés parmi les arbres. Plusieurs point de vues permettent de faire des pauses en admirant le paysage. Par contre, il y a autant de marche que dans la route Momijidani. Mon conseil : prévoyez de bonnes chaussures ! Avec la pluie de la veille, les marches étaient particulièrement glissantes et je suis tombé plusieurs fois…
Le temple Daishō-In
C’est en redescendant par ce sentier que je suis tombé, un peu par hasard, sur le temple Daishō-In, qui est sans doute un de mes temples préférés au Japon. Il possède un côté labyrinthique, fourmillant, avec tellement de choses à voir qu’on passe forcément à côté de quelque chose… Il abriterait notamment 500 statues bouddhiques, même si je ne me suis pas amusé à les compter.
J’ai été captivé par son escalier bordé de moulins à prières, par son chemin veillé par des centaines de Jizos, ses jardins décorés de fontaines, d’étangs dans lesquelles nagent de grosses carpes multicolores… Il y également cet escalier qui descend sous un lieu de prière et qui mène dans un tunnel plongé dans l’obscurité, un couloir où ne sont illuminés qu’une série de petits tableaux de divinités bouddhistes, semblables à des icônes.
Autre endroit surprenant, cette salle au plafond de laquelle sont suspendues des dizaines de lanternes, surplombant autant de petits bouddhas. Une fiche explique qu’il faut se placer devant celui de son année de naissance pour prier. Au final, j’ai passé un peu plus d’une heure dans ce temple et j’y serai resté certainement un peu plus longtemps si je n’avais pas été pressé par mon planning. Une visite incontournable à faire sur l’île de Miyajima.
Le sanctuaire d’Itsukushima
Mais si on vient jusque-là, c’est souvent d’abord pour pouvoir admirer le Torii flottant sous toutes les coutures. Pour ce faire, il faut pénétrer dans le sanctuaire shinto d’Itsukushima, qui aurait été construit à cet endroit en 593, même s’il a été reconstruit depuis. Il est d’ailleurs classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour son importance religieuse mais aussi comme témoin de la capacité des japonais à allier paysage et création de l’Homme.
Ce sanctuaire shintoïste, à l’architecture particulière, a été construit sur pilotis et constitué de plusieurs pontons, afin de protéger le statut d’île sacrée : à l’origine, les visiteurs n’avaient pas le droit de poser le pied sur l’île de Miyajima. Ils devaient arriver par bateau, passer sous le grand Torii et marcher uniquement sur les pontons surélevés du sanctuaire d’Itsukushima.
Cette construction sur pilotis n’est pas unique au Japon mais permet ici de voir de l’au ou du sable sous les allées de l’édifice religieux en fonction de la marée. C’est d’ailleurs cette même marée qui permet soit de marcher sous le Torii, soit de l’observer, « flottant » au milieu de l’eau.
Dans mon cas, la découverte fut de courte durée. Malheureusement pour moi, ce véritable symbole de l’île était en rénovation, notamment parce que des touristes s’amusent à y coincer des pièces de monnaies pour je-ne-sais quelle superstition. Camouflé sous des échafaudages, je n’ai pas pu l’admirer comme je l’aurais voulu… Dommage, mais j’aurais essayé.
Le sanctuaire en lui-même s’est avéré un brin décevant. S’il accueille parfois des mariages ou des animations, il était particulièrement vide lors de ma visite et j’en ai fait le tour en une dizaine de minutes à peine. Heureusement, le prix n’est pas très élevé (moins de trois euros). Mais il est vrai qu’en temps normal, le Torii flottant peut vous occuper pendant pas mal de temps : le voir en journée ou de nuit, le photographier au coucher de soleil, passer à pied en dessous… Ne remuez pas le couteau dans la plaie, merci.
Infos pratiques
Dernier attrait de l’île, sa gastronomie. Je ne vais pas vous parler d’huître mais bien de pâtisserie. Ne quittez pas Miyajima sans avoir goûté au momiji manju, cette spécialité de l’île en forme de feuille d’érable. Constituée de farine de sarrasin et de farine de riz, il est traditionnellement fourré à la pâte de haricot rouge. Mais il en existe aujourd’hui de nombreuses saveurs, mes préférés étant au thé vert ou au chocolat !
Les restaurants sont nombreux à Miyajima mais ferment souvent tôt en soirée… Prenez vos précautions ! J’ai préféré ne pas être pris de court et j’ai acheté un plat à réchauffer le soir venu à mon ryokan.
Si vous êtes pressés et/ou que vous préférez monter en haut du Mont Misen par le téléphérique, un aller coûte environ 10 euros et l’aller-retour 18 euros.
Où dormir à Miyajima ? Parmi les quelques ryokans qu’on trouve sur l’île, j’avais jeté mon dévolu sur celui de Kikugawa. Couloirs chauffés, murs insonorisés (en tout cas plus qu’ailleurs), chambre très confortable, bien situé et avec la salle de bain dans la chambre, c’est un logement que je recommanderais sans hésiter. Revers de la médaille, dormir à Miyajima coûte globalement plus cher qu’ailleurs au Japon…
Pour plus de détails sur Hiroshima et sur l’île de Miyajima, je vous renvoie au vingt-et-unième épisode de Partir Un Jour. Pourquoi ne pas vous abonner au podcast sur Apple Podcasts ou Google Podcast ? Vous pouvez aussi nous écouter sur Spotify ou Deezer ! Enfin, n’hésitez pas à me poser vos questions en commentaire ou à y partager vos propres expériences !