Roskilde et ses vikings

Roskilde, ancienne capitale du Danemark, est principalement connue pour son Roskilde Festival, l’un de plus grands festivals de musique d’Europe qui regroupe chaque année, fin juin / début juillet, plus de 160 000 personnes autour d’une programmation prestigieuse. Si comme moi, vous débarquez à Roskilde accompagné d’un Erik le Viking totalement réfractaire au rock, vous pourrez toujours vous rabattre sur l’autre attraction de Roskilde : son fameux musée des bateaux vikings.

Où les rois du Danemark vont pour mourir

A moins d’une demi heure de Copenhague, il est très facile de se rendre à Roskilde en train (à partir du moment où on a réussi à déchiffrer les instructions à la gare). Qui plus est, la gare est la plus vieille du Danemark encore en fonctionnement. En pratique, ça ne se voit pas vraiment, mais c’est toujours bon à savoir. Elle donne directement accès à la ville et permet directement d’y déambuler pour la découvrir au rythme de ses pas.

Img_4078Nous remontons les petites rues piétonnes de Roskilde pour tomber sur sa Cathédrale, un étonnant bâtiment en briques de style gothique. Classée au patrimoine historique de l’UNESCO, elle a pour particularité d’abriter les tombes des souverains du Danemark. Je n’en ai pas parlé dans mon intro mais l’édifice peut, en lui-même constituer une raison de venir à Roskilde. Mais pas pour nous, car, malheureusement, les lieux sont clos et nous ne pourrons admirer l’intérieur de la Cathédrale.

Ce n’est que partie remise et nous continuons notre route. Après avoir admiré les maisons colorées de Roskilde, il nous reste à traverser un parc ombragé pour apercevoir le port du plaisance à côté duquel nous attend le musée des bateaux vikings.

Des vikings, jusque-là, nous n’en avons pas croisé des masses, et Erik commence à se sentir un peu idiot avec son manteau de fourrure et son casque à cornes. Alors qu’est-ce qui a été à l’origine d’un tel musée à Roskilde ? Montez avec moi dans ce drakkar à remonter dans le temps.

Les Vikings jouaient déjà à Touché-Coulé

Vers l’an mille, Roskilde était un port commerçant très important. A cette époque, les Vikings norvégiens s’attaquaient régulièrement aux villes des Vikings danois. Pour s’en protéger, les habitants de Roskilde coulèrent cinq navires dans le chenal menant à la ville, de manière à barrer la route aux navires ennemis. Cette tactique fut-elle couronnée de succès ? La réponse est dans le musée, tous comme les cinq navires.

Img_4122

En effet, durant les années 60, les cinq navires furent retrouvés par hasard et on mena de longues fouilles archéologiques pour les faire émerger à nouveau. Il ne restait plus qu’à leur offrir un écrin à la mesure de leur histoire. C’est ce qui a donné naissance au musée.

Depuis sa création, le site du musée s’est étendu et ne se limite plus au seul bâtiment grisâtre qui borde l’eau. L’entrée se fait par un petit pont, du côté des chantiers navals. Certains trouveront le prix de l’entrée un peu élevé, puisqu’il varie de 80 à 115 couronnes danoises, soit 10 à 15 euros, selon la saison (mais les enfants de 0 à 17 ans rentrent gratuitement). Disons que le prix de base est acceptable, ce sont les à-côtés qui salent la facture.

Du Danemark à l’Irlande

Une fois la caisse passée, on évolue entre les hangars et les pontons pour observer des drakkars de différentes tailles et de différentes époques qui reposent en extérieur. Le plus impressionnant d’entre eux est sans aucun doute le Glendalough, un navire à l’histoire peu banale. A l’origine, il s’agissait d’un bateau construit à Dublin par les Vikings lorsqu’ils invahirent l’Irlande. Ils utilisèrent alors du bois des forêts de Glendalough (si comme moi, vous êtes allés à Glendalough, vous apprécierez ce segment d’histoire).

Img_4102

Des années plus tard, les restes du bateau furent reconstitué et exposé dans le musée (il s’agit du deuxième plus grand navire viking jamais retrouvé). C’est sa réplique qui est exposé à l’extérieur, un bateau qui fit vraiment le voyage Roskilde-Dublin puisqu’il fut utilisé pour un voyage reconstituant les conditions de l’expédition originale. Les détails de cette histoire, et le film retraçant l’épopée, sont aussi à découvrir dans le musée.

Le reste de l’exposition permanente est en majeure partie constitué des cinq bateaux dont les restes sont entreposés dans une grande salle partiellement vitrée pour offrir une magnifique vue sur le fjord. Très bien pensé.

Img_4107

Le musée contient aussi des maquettes retraçant les attaques viking, mais aussi de quoi écrire son nom en runes ou tout ce qu’il faut pour se déguiser en viking. Erik se sent beaucoup moins seul d’un coup, même si ses camarades de jeu sont sensiblement plus petits que lui. Qu’importe. Ce n’est pas pour rien que le musée se réclame d’acceuillir les enfants de tous âges.

Ces petits bateaux qui vont sur l’eau

Hormis le bâtiment principal du musée, qui est une fois encore très laid lorsqu’on le découvre de l’extérieur, plusieurs activités sont organisées du côté des chantiers navals. Des ateliers sont proposés aux enfants pour faire leur propre bouclier viking, on peut observer des artisans en train de reconstituer le dernier navire en date et, surtout, on peut partir en croisière sur le fjord.

Img_4151

Attention, il ne s’agit pas d’une simple croisière de plaisance. Ici, chaque passager doit prendre son destin en main. Ou une rame. Surtout une rame en fait. Erik jubile. Avec lui, c’est une vingtaine de marins en herbe de tous âges et bardés de gillets de sauvetage qui prennent place. Un skipper monte avec eux pour leur imposer une cadence mais les débuts sont difficiles. Heureusement, après un jeu d’essais / erreurs, le navire viking file fièrement sur l’eau.

Je précise que les activités annexes au musée sont toutes payantes, ce qui fait effectivement grimper le prix global. Forcément, depuis qu’ils ont mis fin aux pillages, les vikings ont besoin d’argent, me signale Erik avant de boire à la santé d’Odin. Soit.

Img_4172

Après cet après-midi d’aventures, nous remontons vers le centre de Roskilde, en faisant un dernier arrêt au palais de l’évêque du diocèse de Roskilde. Il s’agit de l’ancienne demeure d’été du roi Christian VI et il accueille aujourd’hui un musée d’Art Contemporain. Mais nous ne nous arrêtons que par curiosité, et parce que nous ne sommes pas pressés de quitter la ville. Les brumes de l’an mille se sont évaporées, les fantômes de Vikings ont calmement regagné leur Valhalla et il est temps pour Erik et moi de reprendre le train vers Copenhague.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.