La tour d’Eben-Ezer, une folie à deux pas de Liège

C’est en tombant par hasard sur une photo dans mon fil Facebook que j’ai découvert la tour d’Eben-Ezer. Quelle ne fut pas ma surprise, en cherchant des informations à son sujet, de réaliser qu’elle n’était qu’à quelques kilomètres de Liège ! J’ai beau habiter depuis plusieurs années dans la région, c’était pourtant la première fois que j’en entendais parler. Que vous habitiez vous aussi en Belgique ou que vous soyez seulement de passage, vous pourriez avoir envie de visiter cet édifice hors norme

Entre guerre et paix

La commune de Bassenge est située dans la vallée du Geer, non loin de Maastricht, et rassemble plusieurs villages sur son territoire, dont celui d’Ében-Émael. C’est près de celui-ci que l’on peut trouver la tour d’Eben-Ezer. Si la tour n’est pas difficile à trouver à partir du moment où on dispose d’un GPS, il faut quand même bien dire qu’elle se trouve en pleine nature, à l’écart de tout… au point qu’on a l’impression d’arriver au bout du monde quand on parvient à la tour. Ne l’imaginez pas se dresser à l’horizon : malgré ses sept étages, elle est plutôt trapue et sait se faire discrète.

Tour d'Eben-Ezer

A la manière du Palais Idéal du Facteur Cheval, dans la Drôme, cette tour est l’œuvre d’un homme : ici, Robert Garcet. Au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, il décide d’ériger ce monument en faveur de la paix. Il lui faudra quinze ans pour arriver au bout de son ouvrage. Aujourd’hui, la tour est toujours là et témoigne de l’idéologie de son créateur.

Tour d'Eben-Ezer

Ce qui surprend en premier lieu, lorsqu’on approche de la tour, ce sont les figures qui la dominent. A 33 mètres de hauteur, des créatures ailées, comme issues de la mythologie, nous toisent. Un peu intimidé par ces sentinelles, j’ai franchi la porte de la tour en me demandant à quoi pouvait ressembler l’intérieur. Je n’ai pas été déçu ! La visite commence par le rez-de-chaussé dont les murs sont entièrement couverts d’une immense fresque qu’il est difficile de résumer. Entre l’apocalypse, les anges, la guerre, les monstres (est-ce Godzilla ?), il y a là un melting-pot porteur d’un message que chacun interprétera à sa façon. Ce rez-de-chaussé donne le ton, puisque c’est comme si on pénétrait dans un autre univers…

Un morceau de la fresque

Une tour et un musée du silex

Dans les autres étages de la tour (six sont accessibles, dont la terrasse, à découvrir uniquement via un escalier en colimaçon), on en apprend davantage sur la vie de son créateur et sur son imaginaire. Des photos, des vidéos et des témoignages aident à mieux comprendre qui était Robert Garcet, à l’origine simple tailleur de pierre. Au cours de sa carrière, son travail l’amènera à faire des découvertes inattendues, comme celles de deux spécimens de mosasaure. Tout cela est relaté dans l’exposition, à force de documents d’archives.

La tour abrite aussi le Musée du Silex, ce qui est logique, la vie de Robert Garcet ayant largement orbité autour du silex. Un étage est dédié aux pierres et à d’autres curiosités géologiques. Et, évidemment, les murs de la tour sont eux-mêmes constitués d’énormes blocs de silex, puisque qu’elle a été bâtie grâce aux pierres de la région. Si on peut qualifier l’exposition d’interactive (il y a des ordinateurs sur lesquels on peut consulter une sorte d’encyclopédie pour en savoir plus), il faut admettre que l’ensemble est un peu daté et mériterait d’être sérieusement dépoussiéré. En l’état, les passionnés y trouveront leur bonheur et le jeune public survolera sans doute l’ensemble d’un œil blasé.

Mais après bien des marches, on arrive au sommet de la tour, sur la plateforme où on retrouve les quatre créatures ailées. Même ceux que l’exposition auront laissé de marbre ne pourront pas s’empêcher d’admirer la vue sur la vallée ou les nombreuses décorations qui couvrent les remparts de la tour. Parmi elles, la plus marquante est sans doute ce fusil dont le canon disparaît dans la roche. Une manière de plus de refuser la violence des armes et de prôner la paix des peuples.

Je suis ressorti de là en ayant l’impression de m’extraire de la tête du créateur du lieu. Pour me remettre un peu de l’expérience, j’ai déambulé dans le parc qui s’étend au bas des imposants escaliers de pierre menant à la tour. Cet espace boisé respire le calme et la sérénité, ce qui est parfait pour prendre l’air et, pourquoi pas jeter un œil aux œuvres qui s’y trouvent. En effet, ce parc accueille régulièrement des expositions en été, offrant un musée à ciel ouvert pour compléter celui entre quatre murs.

Tour Eben-Ezer

Je pense que j’ai passé autant de temps dans le parc que dans la tour elle-même pour profiter de la chaleur estivale. Puis, comme j’étais passé un peu rapidement à travers les différents étages, j’ai refait un tour dans l’univers de Robert Garcet. Et j’ai découvert encore de nouveaux détails lors de ce deuxième passage…

Autour de la tour

Après avoir passé une bonne heure et demie sur place, j’ai laissé la tour derrière moi. Mais la journée était loin d’être finie ! En effet, des sentiers balisés passent à proximité de la tour, voire juste devant pour le plus court (environ 4 kilomètres). Ces promenades appartiennent au réseau pédestre international de la Montagne Saint-Pierre, qui s’étend à la fois en Wallonie, en Flandre, mais aussi aux Pays-Bas. En tout, ce réseau regroupe une vingtaine de promenades.

Pour démarrer la balade depuis la tour d’Eben-Ezer, il suffit de suivre le balisage ou de revenir près du Moulin du Broukay, tout proche, centre culturel auquel il est possible d’obtenir des renseignements et des guides.

Au milieu des champs

De mon côté, j’ai démarré au pied de la tour et je me suis mis à suivre les panneaux aux petits losanges verts pour une balade de moins d’une heure. D’abord en marchant au milieu des champs, puis en revenant vers un village, avant de longer un ruisseau et de terminer par des bois. L’ensemble est parfaitement aménagé et balisé de telle manière qu’il est impossible de se perdre ou de se tromper de chemin. Cerise sur le gâteau, le coin est assez tranquille et j’ai rencontré assez peu d’autres promeneurs. Je recommande le parcours, idéal pour les familles et pour explorer les alentours.

En bord de ruisseau

Les plus chevronnés s’essaieront aux autres itinéraires de la Montagne Saint-Pierre. Ironie du sort, on peut ainsi, par ces mêmes sentiers, aller de la Tour d’Eben-Ezer, symbole de la paix, au fort d’Eben-Emael, vestige de la Seconde Guerre mondiale. Le fort, réputé imprenable, fut pris par surprise par une action combinée de planeurs et parachutistes allemands. Son attaque fut l’une des premières grandes victoires nazie et porta un coup fatal au moral des soldats de l’armée belge.

Fort d'Eben-Emael

Cet immense complexe souterrain (imaginez : un réseau de galeries de cinq kilomètres reliant 17 bunkers !) est régulièrement ouvert au grand public, mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’entrer à l’intérieur. Que vous trouviez un intérêt ou pas à visiter un fort militaire, vous auriez tort de ne pas vous approcher de celui-ci. C’est en effet sur les plaines qui l’entourent qu’on peut observer d’authentiques soucoupes volantes

Un OVNI ?

Ce ne sont en fait que les coupoles d’artillerie du fort d’Eben-Emael, qui pointent le bout de leur nez au-dessus du sol. Mais rien à faire, en me promenant ainsi dans la plaine, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir des OVNIs qui auraient atterris là pour ne plus jamais repartir. Quelque part, il ne manquait que les petits hommes verts à l’univers de Robert Garcet et il est donc tout à fait logique de les imaginer choisir eux aussi cette région pour venir en paix

Infos pratiques

Tour d’Eben-Ezer – Musée du Silex
Haie de Wonck 9, 4690 Bassenge
www.musee-du-silex.be
Horaires : ouvert de 13h30 à 17h (18h en été) en semaine, et de 13h30 à 18h (19h en été) le week-end.
Tarifs : 6,50 euros pour les adultes, tarif réduit pour les seniors et les moins de 18 ans, gratuit pour les enfants de moins de six ans.

La Montagne Saint Pierre
Outre sur le site Internet, des cartes sont disponibles dans les offices de tourisme de la région et en ligne.
En ce qui concerne la promenade qui passe à côté de la Tour d’Eben-Ezer, il suffit de rejoindre le Moulin du Broukay, Chemin de Broukay 8, 4690 Bassenge.

Fort d’Eben-Emael
Rue du Fort 40, 4690 Eben-Emael
www.fort-eben-emael.be
Fermé le lundi et quelques autres jours. Pour le reste, les heures d’ouvertures varient et il est préférable de consulter le calendrier pour savoir quand ont lieu les journées publiques sans réservation.
Tarifs : 8 euros pour les adultes, tarif réduit pour les seniors et les moins de 12 ans, gratuit pour les enfants de moins de sept ans.

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