Vienne : entre coups de cœur et désenchantement

Je n’ai pas eu le coup de foudre pour Vienne. Est-ce la faute à la grève à l’aéroport de Bruxelles qui m’a privé d’un jour sur place ou à la mystérieuse bestiole qui m’a couvert de piqûres lors de ma première nuit dans la capitale autrichienne, difficile à dire. Je crois tout simplement que j’espérais y retrouver la magie de mon séjour à Prague. Or, Vienne et Prague sont deux villes très différentes qui ne partagent au final que leur météo.

Vienne, c’est avant tout la ville de Sissi. Si vous êtes allergiques à l’Impératrice d’Autriche ou à la famille impériale en général, ne vous donnez pas la peine d’aller à Vienne, vous allez vous faire du mal inutilement. J’exagère (à peine) mais la figure de Sissi est omniprésente. On peut néanmoins chercher à l’éviter en se réfugiant dans un des nombreux musées de la ville, qu’il s’agisse du MUMOK (le musée d’art moderne), le Leopold Museum (Beaux Arts) ou le Kunsthalle Wien (Art Contemporain) pour ne citer que ceux réunis dans le Quartier des Musées.

Ce serait cependant passer à côté d’une figure essentielle de Vienne, comme nous en discutons dans le quatorzième épisode de notre podcast voyage, Partir Un Jour.



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Je l’ai annoncé d’entrée, Vienne ne m’a pas totalement convaincue. Dès mes premières minutes dans ses rues, il y a quelque chose qui m’a désarçonné. On rejoint le centre à travers de larges boulevards, encadrés par des monuments au gigantisme tout impérial. D’entrée de jeu, l’architecture impressionne mais laisse aussi un peu décontenancé par son apparente froideur. Moi qui m’attendait à retrouver les petites rues chaleureuses et colorées de Prague, j’ai été fatalement déçu.

J’ai débarqué à Vienne en plein hiver, aux premiers jours de février, et la ville ne s’était pas encore totalement débarrassée de ses décorations de Noël. Par exemple, une énorme patinoire et quelques chalets occupaient toujours la place devant l’Hôtel de ville, de style néo-gothique. Manque de chance, cet hôtel de ville était en pleine rénovation, ce qui gâchait un peu le paysage. Je n’ai pas cherché à y entrer, même s’il semble qu’il puisse se visiter.

Si on pourrait tout à fait consacrer l’essentiel de son temps à Vienne à courir après Sissi aux quatre coins de la ville, en visitant le château de Schönbrunn ou le palais de Hofburg par exemple, il y a d’autres lieux qui méritent le détour. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui m’ont le plus marqué lors de mon séjour. Voici donc un Top 5 un peu particulier, celui des endroits où aller à Vienne sans croiser la silhouette de l’Impératrice.



La Bibliothèque Nationale d’Autriche

Ou l’Österreichische Nationalbibliothek en version originale (oui, on parle Allemand à Vienne). C’est la Salle d’Apparat (ou Prunksaal) de la bibliothèque que j’ai visité, un espace baroque incroyable du 18e siècle qui mesure près de 80 mètres de long ! Des étagères couvrent tous les murs et renferment plus de 200 000 volumes. L’architecture, la coupole centrale, les peintures au plafond, tout m’a fait pensé à une église où le savoir serait l’objet du culte. Chose amusante, les étagères sur lesquelles reposent les livres sont amovibles et il y a bien souvent l’une ou l’autre qui est restée ouverte. Si on ne peut malheureusement pas les explorer, on peut s’amuser à imager où mènent ces passages secrets…



J’ai vraiment trouvé l’endroit enchanteur, mais je regrette tout de même le prix d’entrée pas piqué des hannetons (8 euros) alors qu’il ne donne accès qu’à cette seule salle. On peut certes y rester aussi longtemps qu’on le souhaite, mais en faire le tour ne prends pas plus d’une heure, et encore, en forçant un peu. Qui plus est, l’audioguide n’est pas compris dans le prix (3 euros en plus), même si on peut télécharger gratuitement l’application sur son téléphone.

Dans les bâtiments de la bibliothèque sont aussi réunis les musées de la littérature, des globes, des papyrus, de l’Esperanto ou de l’Histoire Autrichienne. Je les ai pour ma part laissé de côté mais si ceux-ci vous intéressent, les tickets s’achètent séparément de celui de la Salle d’Apparat.

Le Palais du Belvédère

Si vous cherchez à visiter un château qui ne soit pas une façade pour un autre musée centré sur Sissi, le Palais du Belvédère pourrait vous intéresser. Il s’agit du plus grand palais baroque de Vienne, dans lequel on retrouve en fait trois musées d’art, répartis dans trois bâtiments différents. Les deux bâtiments principaux sont séparés par un ensemble de jardins dans lesquels il fait bon se promener, même s’ils sont doute plus agréables l’été. Si vous avez le temps, un billet combiné permet d’accéder au Belvédère Inférieur et au Belvédère Supérieur, voire au Belvédère 21, à un prix réduit.

Pour ma part, je n’avais pas une journée à dédier à ces musées et j’ai donc jeter mon dévolu sur le Belvédère Supérieur. Le ticket d’entrée est une fois encore un peu élevé (16 euros pour cet unique musée), mais c’est le prix à payer pour avoir droit à la plus grande collection de Klimt, ce peintre autrichien représentant du mouvement Art Nouveau. Mais d’autres toiles couvrent aussi les murs du Belvédère Supérieur, qu’il s’agisse de Schiele, Funke, Monet, ou de van Gogh. Ce sont quand même les œuvres de Gustav Klimt, et en particulier Le Baiser, sans doute son tableau le plus connu, que je retiens de ma visite.

La Cathédrale Saint-Étienne

Sans doute l’un des emblèmes de Vienne, au même titre que la Grande Route du Prater. Ce qui attire le regard en premier lieu, c’est bien sûr le toit de la Cathédrale, avec tuiles colorées qui reprennent les armoiries de la ville et de l’Autriche. On peut y pénétrer gratuitement mais il faudra passer à la caisse pour en faire un tour plus complet, comprenant les catacombes ou le trésor de la Cathédrale. Je dois avouer cependant que j’ai fait l’impasse dessus et me contentant d’y faire un passage en coup de vent.

Pourquoi en parler alors ? Parce que c’est à ma connaissance le seul édifice de Vienne en haut duquel il est possible de grimper pour accéder à une vue panoramique sur la ville. La Cathédrale possède en effet quatre tours, dont deux accessibles contre quelques espèces sonnantes et trébuchantes. J’ai longtemps hésité à monter à l’une des deux, mais je n’ai rien compris aux prix des tickets une fois sur place. Il me semblait qu’il fallait payer à la fois pour le tour de la Cathédrale, une seconde fois pour monter à une des tours, voire deux fois pour grimper aux deux. Je me suis rendu compte à mon retour qu’il existait en fait un billet combiné donnant accès à tout… trop tard.



Sachez qu’il vous faudra gravir 43 marches pour parvenir au sommet des 136 mètres de la tour Sud – celle offrant a priori la plus belle vue – mais que dans la tour Nord (qui ne mesure « que » 68 mètres et est accessible en ascenseur) se trouve la cloche la plus célèbre, la Pummerin, ou la deuxième plus grande cloche d’église en Europe. A voir où se situe votre intérêt…

Le Prater

Le Prater reste l’endroit dans lequel j’ai préféré me perdre à Vienne. Est-ce parce que des scènes du Troisième Homme ou de Tuer N’est Pas Jouer ont été filmées dans cette fête foraine permanente ? Sans doute.

On y accède depuis le centre de Vienne en une grosse demi-heure à pied, en suivant un bras du beau Danube bleu. C’est plus rapide en métro, mais moins bucolique… On débarque ensuite dans cet immense parc, ancien domaine de chasse de la famille impériale (on y revient toujours tôt ou tard…), aujourd’hui investit par la Wiener Riesenrad, la grande roue de Vienne, et par toute une série de manèges colorés.

La lumière hivernale, le peu de gens présents et le fait que certaines attractions semblaient en maintenance m’ont rapidement donné l’impression de déambuler dans une ville fantôme… Peu à peu, le soir s’est installé et j’ai eu l’impression que les gens réapparaissaient par-ci, par-là. Une chose est certaine : il n’y a a priori pas besoin de faire longtemps la file pour avoir le droit de faire un tour de manège ! Sauf peut-être à la Grande Roue…

J’avais initialement espéré monté à bord de celle-ci pour avoir droit à un coucher de soleil sur Vienne, mais à mon arrivée, la file de gens était tellement longue et avançait si lentement que j’ai dû renoncer. Qui plus est, le ticket n’est pas donné, puisqu’il faut s’acquitter de douze euros par personne pour un tour de vingt minutes. Heureusement, les autres attractions sont moins onéreuses !

Pour ceux qui préféreraient la nature aux sensations fortes, je précise que le Prater ne désigne pas seulement la fête foraine mais également tout le parc autour, qui se prête par exemple très bien à de belles balades à vélo.

Tu Vienne ou pas ?

Ces quelques visites ne représentent qu’un échantillon de ce qu’il y a à faire à Vienne. J’ai volontairement laissé de côté les aspects liés à Sissi, auxquels je préfère dédier un article, mais aussi d’autres choses qui m’ont parues moins convaincantes, qu’il s’agisse de la maison de Mozart (il n’y a finalement passé que peu de temps) ou encore le Graben, une des rues principales de Vienne bâtie sur un ancien fossé romain, dans laquelle on trouve la colonne de la Peste (qui fut érigée pour célébrer la fin de la dernière grande épidémie).

Pour autant, je garde un souvenir doux-amer de Vienne. D’une part, les mésaventures qui ont accompagné mes premiers pas sur place ne m’ont pas aidé à tomber sous le charme de la ville : j’avais l’impression d’être à moitié défiguré par les piqûres d’insectes que j’avais au visage. N’avoir que trois jours sur place m’a aussi un peu mis la pression. J’aurais aimé avoir un jour de plus pour prendre le temps de traîner dans ses sympathiques cafés, voire visiter ses égouts… Je dis ça tout à fait sérieusement, puisque c’est un des autres endroits qui servi au tournage du Troisième Homme, et une visite guidée en est possible.

Vous l’aurez compris, une des sources de mon désenchantement à Vienne aura aussi été une politique tarifaire pas toujours claire, quand elle n’était pas carrément salée. Vienne ne mets vraiment pas la culture à la portée de toutes les bourses, et je ne prends ici que les exemples de la Bibliothèque Nationale ou du Palais du Belvédère. En tant que touriste, la perspective de devoir payer et repayer pour avoir accès à deux pans d’un même bâtiment est assez décourageant.

Est-ce que je déconseille d’aller visiter Vienne ? Pas du tout, ce n’est pas parce que je ne suis pas tombé sous son charme que ce ne sera pas votre cas. Peut-être est-elle plus séduisante en été, quand ses parcs prennent des couleurs et que le soleil brille… Si vous avez eu la chance de visiter la ville à cette période, n’hésitez pas à m’en parler en commentaire, je suis curieux de savoir si le changement de saison métamorphose la vie viennoise.

Tips & tricks

Aller à l’Opéra de Vienne

L’Opéra peut se visiter si vous ne tombez pas comme moi sur l’un des jours où il n’y a pas de visite prévue. Si vous souhaitez plutôt assister à un opéra, vous avez plusieurs options. Le plus simple est bien sûr d’aller au guichet acheter vos places (ce peut aussi être fait en ligne) mais si vous êtes plutôt du genre à improviser, il y a de nombreux rabatteurs en costume qui pourront vous renseigner, un peu partout en ville.

Vous voulez absolument assister à un opéra mais vous n’avez pas le budget pour ? Rendez-vous devant le guichet du Staatsoper une heure et demie avant le début des représentations pour acheter des places à moins de 10 euros. Pour ce prix-là, il vous faudra tout de même accepter de rester debout et au fond de la salle pendant les 2 à 3 heures que durent les spectacles. Il vous faudra en plus sans doute déjà rester devant dans la file qui se forme pour obtenir ces tickets…

Où manger un hamburger à Vienne ?

Si la gastronomie autrichienne m’a globalement assez déçu, avec des plats relativement lourds et sans saveur, y compris les spécialités du crû (la palme revient au Goulache de veau à la crème accompagné de ses boulettes de beurre maison), j’ai tout de même trouvé une petite satisfaction à goûter l’authentique schnitzel à la viennoise ou les pâtisseries comme le strudel, qu’il soit aux pommes ou aux cerises. Dans tous les cas, préparez-vous à faire l’impasse sur les légumes, qui ne sont définitivement pas mis à l’honneur dans les assiettes de l’Empereur.

Heureusement, la gastronomie internationale est là, à commencer par ces bons vieux hamburgers. Vous me connaissez, peu importe où me mènent mes pas, j’aime faire halte dans un restaurant spécialisé pour, peut-être y découvrir un des meilleurs hamburgers au monde. Celui que j’ai dégusté chez Die Burgermacher ne m’a en tout cas pas déçu. La carte compte moins de dix burgers, mais va des plus classiques à des spécialités qui vous emmènent en Espagne, en Grèce ou en Asie… Le tout, avec des ingrédients fait maison (sauf la viande, mais qui est, elle, sélectionné localement).

Enfin, l’accueil de l’endroit a été au diapason de celui des autres restaurants que j’ai pu testé à Vienne. Un peu froid de prime abord, peut-être parce que le restaurant été bondé, j’ai tout de même eu le droit à une talbe même si je n’avais aucune réservation. C’est la flexibilité autrichienne : pour peu que vous acceptiez de libérer la table avant l’heure de la prochaine réservation, on accepte de vous servir.

Y aller

J’ai pour ma part pris l’avion pour arriver jusqu’à Vienne. De son aéroport, il y a deux possibilités pour rejoindre la ville. D’une part, un train express (appelé CAT) qui mène à la gare centrale de Vienne pour un tarif de 12 euros. De l’autre, le train standard, dont il faut prendre la ligne S7 pour arriver au même endroit (la gare de Wien Mitte donc), au prix de 4,20 le trajet. La différence entre les deux ? La durée ! Le train express met moitié de temps pour arriver à destination. A prendre si vous êtes pressé…

Se déplacer

Pour les transports, je me suis content de mes pieds et du métro. Le centre de Vienne se prête bien à la promenade, mais certaines visites sont suffisamment éloignée pour nécessiter d’emprunter un bus, un tram ou un métro. Les transports en commun sont bien organisés, même si ce ne sont pas les moins chers que j’ai pu voir : le ticket est à 2,20€, l’abonnement 1 jour à 7,60€, les 2 jours à 13,30€ et les 3 jours à 16,50€. Sinon, un tour en calèche est toujours possible (mais je ne me suis pas renseigné sur les prix).

Où loger

Je ne vous conseillerais pas la pension dans laquelle j’ai dormi et qui m’a valu un tour à la pharmacie du coin après ma première nuit (note au voyageur : toujours prévoir des antihistaminiques !). Je n’ai pas eu de problème après avoir changé de chambre, mais prudence est mère de sureté. Je préfère partager avec vous deux endroits avec lesquels j’avais hésité et que je regrette de ne pas avoir choisi : le Boutiquehotel Stadthalle, qui fait manifestement des efforts considérables pour offrir une solution d’hébergement durable et éco-responsable, et le Magdas Hotel, qui joue un rôle social et sociétal en offrant du travail à des réfugiés. Dans les deux cas, j’ai eu de très bons échos. En espérant que ça puisse vous être utile !



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J’espère que vous avez apprécié ce quatorzième épisode de Partir Un Jour. Si c’est le cas, je vous invite à vous y abonner sur Apple Podcasts ou via votre application de podcasting préférée sur Android. Enfin, si nous n’avons pas répondu à toutes vos questions sur Vienne, il y a toujours la partie commentaire ci-dessous qui est à votre disposition.

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