Quand j’ai quitté Montréal fin 2010, je m’étais promis d’y revenir très vite. Naïvement, je pensais y retourner l’année suivante. Et puis… la vie. Il m’a finalement fallu attendre quatorze ans avant d’y remettre les pieds. Un temps suffisamment long pour que je ne sache plus tout à fait à quelle ville j’allais faire face. À quel point avait-elle changé depuis la dernière fois que je l’avais vu ?
Surtout, j’y retournais en plein mois de juillet, et mes souvenirs de Montréal en été étaient largement imprégnés de sueur et de coups de soleil. Si, en hiver, on se réfugie dans le métro ou les galeries commerçantes de la ville souterraine pour échapper au froid, la tendance s’inverse en été et je me souviens avoir largement profité de l’air conditionné quand les températures grimpaient dans les rues de Montréal.
Enfin, je ne venais pas cette fois y vivre, mais la visiter en famille. Un mode de découverte tout à fait différent, et si je ne doutais pas vraiment que la ville soit adaptée aux enfants, je n’avais jamais cherché quelles activités pouvaient les y attirer. Mon but était quand même de leur faire apprécier un minimum la ville qui m’avait si bien accueilli quelques années auparavant.
Prendre le temps et s’adapter
Je ne vais pas résumer toutes les visites qui nous ont occupé durant ces quelques jours passés à Montréal (nous sommes ensuite partis faire un roadtrip en Gaspésie), principalement parce qu’elles sont assez évidentes pour la plupart. Bien sûr que nous sommes allés faire un tour dans le Vieux Montréal, dans la Petite Italie et au marché Jean Talon. On a même fait la file chez Schwartz’s pour manger un sandwich au smoked meat, c’est dire.
Par contre, en sachant que les journées allaient être chaudes, on a un peu adapté notre emploi du temps, le décalage horaire aidant. C’est ainsi que nous sommes montés dès 8 heures du matin au sommet du Mont Royal pour admirer le panorama sur la ville. À cette heure, pas la peine de jouer des coudes pour atteindre le point de vue, nous étions quasiment seuls à partager les sentiers avec les coureurs matinaux. C’est peut-être ce qui nous a permis de rencontrer la vie sauvage de Montréal – ce fut l’occasion de voir notre premier écureuil du voyage… les enfants étaient forcément ravis.
Je pourrais aussi évoquer l’Oratoire Saint-Joseph, une visite culturelle tout en escalators, mais qui prend place principalement à l’intérieur de l’édifice, à l’abri du soleil, au frais. L’Oratoire a d’autres atouts, son architecture avant-gardiste notamment, mais c’est déjà loin d’être négligeable.
Mais ce qui nous a sans doute le plus marqué, c’est le Vieux Port. Pour ma part, si je connaissais déjà les lieux, je les ai trouvé transformé en quasi parc d’attraction. À l’habituelle grande roue se sont ajoutés une tyrolienne géante, un des plus grands labyrinthes intérieurs au monde et un parcours d’accrobranche au milieu d’un bateau pirate grandeur nature.
Je pourrais aussi mentionner les pédalos, le petit train qui emmène les enfants faire un tour, une plaine de jeux… bref, c’est le paradis des petits (et des grands). Si j’ai toujours pris autant de plaisir à me promener le long du Saint Laurent, j’ai bien dû reconnaître que ce n’était plus le point d’orgue de la visite. Nous sommes restés sur place quasiment toute une journée, trop occupés pour nous soucier du soleil de plomb.
Moins touristique à proprement parlé, l’autre « attraction » qui aura scotché les enfants aura été la fontaine du Complexe Desjardins qui constitue un véritable petit spectacle son, eau et lumière, devant lequel ils pouvaient rester des dizaines de minutes.
Vivre Montréal dans la rue
Avec un enfant en bas âge, le rythme des journées doit parfois être adapté et nous avons souvent passé l’après-midi à trouver un endroit calme où le laisser faire la sieste dans la poussette. Il était toujours temps de profiter de la ville en fin d’après-midi et en début de soirée, Montréal vibrant souvent jusqu’à ce que le soleil se couche (voire un peu après) en été.
C’est l’autre manière de profiter de Montréal : c’était vrai lorsque j’y habitais et ça l’est tout autant lorsqu’on la découvre en tant que touriste, Montréal se vit et s’apprécie dans la rue ! De nombreux festivals sont organisés dès le mois de juin et il y a beaucoup d’activités gratuites, pour tous les goûts.
Début juillet, nous avons largement pu profiter du Festival International de Jazz, qui anime chaque année le Quartier des spectacles et la Place des Festivals. Une aubaine pour nous, puisqu’on logeait à proximité. Avec ses nombreux spectacles gratuits, ce qui serait le plus gros festival de jazz au monde a occupé toutes nos soirées, que ce soit pour écouter des concerts ou simplement pour profiter des activités offertes aux enfants. Et je ne parle même pas du karaoké !
L’autre festival qui nous a marqué, c’est Montréal Complètement Cirque, qui transforme Montréal en chapiteau géant. Avec des spectacles encore une fois gratuits à différents endroits de la ville, le festival permet par exemple d’admirer des acrobates, des clowns, parfois les deux en même temps. C’est ainsi que nous avons pu assister au spectacle Géante!, particulièrement impressionnant.
L’autre spectacle qui nous a bien plu prenait place au Vieux Port, et c’est ce qui explique que nous sommes restés dans le quartier toute une journée. Avec des pompiers en guise de héros, le spectacle a subjugué les enfants, et même moi, au point d’en attraper un coup de soleil.
Parmi les choses dont nous n’avons pas profité, je citerais les Piknic Électronik! qui s’organisaient les week-ends au parc Jean-Drapeau, le ComediHa! Fest, le Festival international Nuits d’Afrique ou les feux d’artifice de l’International des Feux Loto-Québec… Ce sera pour une prochaine fois.
De manière générale, se promener à pied dans Montréal est très plaisant. Au centre-ville, les buildings permettent de se mettre à l’ombre très facilement, et ailleurs, les allées bordées d’arbres et de verdures ne sont pas en reste. On pourrait se plaindre des nombreux travaux qui jalonnent les déambulations, mais à ma connaissance, ça a toujours fait partie du paysage Montréalais.
Moins glamour, on prend rapidement conscience du problème des itinérants. Les itinérants – c’est ainsi qu’on appelle les sans domiciles fixes – étaient déjà bien présents quand j’habitais à Montréal il y a 15 ans, mais dans mon souvenir, on les remarquait surtout autour de la place Emile-Gamelin (ou parfois, dans Hochelaga). Ce fut un choc d’en croiser autant cette fois.
J’étais à peine descendu du 747 m’amenant de l’aéroport, quand j’ai croisé le premier, à l’entrée du métro. En plein centre-ville, j’ai arrêté de compter combien j’en avais vu dormir à même le trottoir. Forcément, en été, avec les températures qui grimpent, la misère ne va pas se cacher bien loin. Montréal n’est évidemment pas la seule à ne pas savoir gérer ses itinérants, mais j’ai éprouvé le sentiment que la ville – et la société d’une manière générale – les avait abandonnés à leur sort.
Où dormir à Montréal ?
Alors, vous parler d’hôtel après le dernier paragraphe me pince un peu le cœur, mais il me semble de toute façon préférable de vous en conseiller un plutôt que vous laisser tomber dans le piège des AirBNB qui participent à la crise du logement.
Quand on voyage en famille, trouver un hôtel où il est possible de dormir à quatre dans une chambre peut parfois s’avérer compliqué. Je ne connaissais pas du tout L’Appartement Hôtel, mais il était relativement bien placé, ses chambres disposaient en plus d’une petite cuisine (pratique si vous ne voulez pas avoir à aller tout le temps au restaurant), et il avait même une piscine. En plus, le prix était dans mon budget.
Aucune mauvaise surprise sur place, bien au contraire : les chambres étaient confortables, l’hôtel pratique, le petit-déjeuner satisfaisant… bref, une bonne surprise. Nous y sommes restés au début et à la fin de notre roadtrip et la seule différence fut la fréquentation : il y avait beaucoup plus de monde à la fin du mois de juillet qu’au début. Nous avons, lors de nos derniers jours sur place, parfois dû patienter un peu pour les ascenseurs ou pour nous asseoir au petit-déjeuner (mais le gérant a offert des petites voitures aux enfants donc tout a été pardonné).
Ces retrouvailles avec Montréal ne ressemblaient en rien à ce que j’avais imaginé. C’était un peu prévisible. Est-ce que, comme quand on retrouve un vieil ami, j’aurais voulu revisiter tous les vieux souvenirs qui m’y liaient, me plonger dans un passé aujourd’hui révolu ? Peut-être pas. La sensation que j’éprouvais en traversant les rues que j’avais tant arpentées était étrange, comme si je déambulais dans une ville fantôme, pourtant toujours bien vivante. Mais changeante, mouvante, et donc pas fixée comme peuvent l’être les images que j’en gardais.
Ce que j’ai préféré, c’est finalement de la redécouvrir avec de nouveaux yeux, de nouvelles oreilles, car au mois de juillet comme jamais, Montréal reste une ville qui se regarde, qui s’écoute et qui se vit.