Escapade à Bergame

Étape quasi incontournable de tout séjour à Milan, Bergame est l’une des villes de Lombardie les plus prisées par les touristes. Avec ses murailles classées au patrimoine mondial de l’Unesco, sa ville fortifiée est l’une des images iconiques de la région et mérite largement qu’on lui dédie une journée. Passant une dizaine de jours dans la région durant l’été, j’ai rapidement mis Bergame en haut de ma liste des choses à faire autour de Milan.

Bergame de bas en haut

C’est à bord d’un train régional de la société Trenord que j’ai quitté Milan, depuis la station Garibaldi, direction Bergame. Le trajet est court, à peine une heure, et le prix modique (moins de cinq euros à l’heure où j’écris ces lignes). Manque de chance, au contraire du train que j’ai emprunté pour me rendre au Lac de Côme, celui-ci ne dispose pas de climatisation. Dommage quand, dehors, on approche les 30° C. Le trajet en lui-même ne propose rien de particulier, si ce n’est un passage sur un pont en métal au dessus d’une vallée de la campagne italienne. Le train ralentit et le temps suspends son vol tandis que le pont grince sous le poids du train…



Lorsqu’on sort de la gare de Bergame, on débarque du côté de la ville basse. En effet, Bergame se découpe entre nouvelle et vieille ville, ville basse et ville haute. De la gare, on aperçoit justement au loin la ville haute, celle qui fait véritablement la réputation de Bergame, aussi appelée Città Alta. Il faut marcher un petit quart d’heure pour parvenir au funiculaire San Vigilio qui emmène vers cette vieille ville. On peut aussi emprunter le bus qui fait aussi le trajet entre la gare et l’arrêt, mais ce serait passer à côté des quelques beaux bâtiments qui longent les grands boulevards de la ville basse.

Une fois grimpé au sommet avec le funiculaire, on arrive directement dans la vieille ville. Avec ses ruelles pavées, ses remparts médiévaux et ses zones piétonnes, on découvre une toute autre ambiance qui invite à flâner selon vos envies. Comme souvent dans les villes italiennes, une des premières choses qui attire mon regard, ce sont les édifices religieux. Direction la Cathédrale de Bergame et la Basilique Santa Maria Maggiore, situées côte à côte.

Toutes deux sont gratuites (avec un supplément à payer pour l’accès au trésor de la Cathédrale) mais c’est bien là leur seul point commun. Chacune a par contre son histoire. La plus ancienne des deux, c’est la cathédrale, ou Duomo de Bergame. Il y eu à une époque deux cathédrales à Bergame, avant que l’une d’entre elles ne soit détruite pendant l’occupation vénitienne pour construire les fameux remparts. Celle qui reste est relativement classique (pour une cathédrale italienne). Elle n’en étonne pas moins par ses volumes, sa lumière et ses nombreuses peintures et dorures. Il ne faut pas oublier de s’aventurer dans ses chapelles plus intimistes, décorées avec autant de soin que la nef centrale. Pour les amateurs de reliques, on trouve là la tiare du Pape Jean XIII, incrustée de perles, rubis, diamantes et émeraudes, ou les restes de Sant’Alessandro, saint patron de Bergame à qui la Cathédrale est dédiée.



Pourtant, la Cathédrale paraît presque sobre à côté de la démesure qui couvre la Basilique Santa Maria Maggiore du sol au plafond. Indubitablement baroque, son plafond et ses murs sont constitués de fresques, stucs, recouverts de tapisseries et de marqueteries en bois. Le maître de mot de l’ornementation semble avoir été « Toujours plus ! ». C’est bien simple, je n’ai pas pu m’empêcher d’imaginer une sorte de rivalité entre deux équipes concurrentes pour rendre son édifice plus époustouflant que son voisin, l’une constituée de peintres, l’autre de sculpteurs, pour savoir qui accomplirait l’ouvrage le plus audacieux. Impossible d’élire un vainqueur, il y a trop de détails pour espérer tout voir en une seule visite et je suis sorti de la basilique en ayant presque le tournis devant une telle profusion.

A deux pas de la cathédrale et de la basilique se trouve la Piazza Vecchia, centre névralgique de Bergame. Entourée de cafés et de restaurants, c’est aussi au niveau de cette place au sol couvert de briques rouges que l’on trouve le musée historique de Bergame et la tour civique (Campanone). Comptez cinq euros si vous souhaitez les visiter. La tour civique en elle-même culmine à plus de 50 mètres et c’est l’endroit à ne pas manquer si vous êtes à la recherche d’un beau panorama sur la ville – un ascenseur existe si vous préférez faire l’impasse sur les 230 marches.

Un jardin et des murs

De mon côté, j’ai préféré retourner vers les fortifications pour prendre la direction du pont d’accès à la ville haute, avec son imposante Porte San Giacomo, toute en marbre blanc rose. C’est l’une des vues les plus connues de Bergame et il faut avouer que tant la porte que le paysage auquel elle donne accès sont assez incroyables. Si vous avez l’occasion d’y aller en tout début de journée ou à la tombée du jour, ce qui n’était malheureusement pas possible pour moi, vous devriez en plus profiter d’une belle lumière…

Une fois à la Porta San Giacomo, il ne me restait qu’à me balader le long des murailles qui entourent la ville, conservées presque intactes jusqu’à nos jours. Elles font plus de six kilomètres de périmètre, se composent de 14 bastions, 2 plates-formes, 100 ouvertures pour les canons, 2 poudrières, 4 portes, auquel s’ajoute tout le monde souterrain complexe de sorties, de passages et de tunnels, malheureusement inaccessible au simple touriste.

Inaccessible, mais pas complètement. C’est tout à fait par hasard que je suis tombé sur l’une des canonnières. Elles permettent de descendre dans les entrailles de la muraille et d’imaginer l’existence des soldats qui s’occupaient des canons, que j’espère moins solitaire que celle du guide qui était présent. En effet, j’étais le seul touriste ou presque à m’être aventuré jusque-là, malgré la gratuité de la visite. Il faut avouer que les lieux sont assez peu mis en valeur et qu’il faut à peine une dizaine de minutes pour en faire le tour, mais quitte à être sur place, autant redécouvrir cet aspect historique de la ville, non ?

J’ai poursuivi mon tour sur les fortifications avant de rentrer à nouveau dans la ville pour mettre le cap sur son jardin botanique. Celui-ci était renseigné dans mon guide de voyage et je m’attendais à un jardin dans lequel j’allais pouvoir me perdre mais j’avais peut-être des attentes démesurées. En effet, le jardin botanique de Bergame ressemble davantage au jardin qu’un particulier avec un peu de moyen aurait pu ouvrir sur son temps libre. Bon, c’est peut-être un peu sévère comme jugement, mais le lieu est de taille réduite, avec des allées étroites, et je n’ai pas eu l’impression d’y voir une foultitude d’espèces différentes (tout de même 1200 variétés de plantes comestibles, d’après le site internet).

J’avais cru lire qu’on pouvait accéder à un superbe panorama depuis les hauteurs du jardin mais je suis complètement passé à côté. Au moins, l’endroit était calme. Je le réserverais aux amoureux des plantes ou à ceux qui ont trop de temps libre sur place (notez cependant qu’il est construit tout en hauteur, avec son lot de marches).

Bergame, escale gourmande

Si j’ai peut-être raté mon coup avec cette visite du jardin botanique, ce n’était que partie remise. Mon objectif en allant jusque-là était surtout de me rapprocher du créateur de la stracciatella. En effet, c’est à Bergame, dans les années 60, qu’a été inventé le fameux parfum de glace. C’est donc à la Marianna que je me suis arrêté pour déguster ma gelato quotidienne. Avec ses généreux copeaux de chocolat, la stracciatella de Bergame ne m’a pas déçu, même si je n’irais pas jusqu’à dire que c’est là qu’on trouve la meilleure glace de Lombardie.

La journée touchait déjà à sa fin lorsque je me suis remis en route et il était temps pour moi de reprendre le chemin de la gare, mais pas sans errer une dernière fois sans but dans les ruelles de Bergame. Car c’est là le vrai intérêt de cette vieille cité médiévale, ces petites rues pavées dans lesquelles on découvre mille et une boutiques de charcuterie ou de fromages (Bergame se revendique d’être la capitale européenne du fromage, rien de moins !), des églises modestes, telle que l’église Sant ‘Agata Del Carmine, dont la visite impressionne tout autant que celles des grandes cathédrales… Des ruelles dans lesquelles on peut soudainement tomber nez à nez avec un dinosaure – le Musée des Sciences Naturelles de Bergame sait tout à fait comment susciter la curiosité les enfants.

Je me souviendrais aussi longtemps de mon repas au Caffè del Tasso, sur la Piazza Vecchia, à déguster des casoncellis (sortes de raviolis locaux) sur la terrasse. Si à l’extérieur, un grand soleil baignait la place dans sa lumière, l’intérieur de ce café historique d’Italie (il remonte à 1476) était plongé dans une semi-pénombre, avec ses murs décorés de photos de stars de cinéma. De quoi presque oublier que la véritable star se trouvait à l’extérieur.

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