Galway, début de soirée. La journée a été plutôt calme aujourd’hui avec le trajet de Dublin à Galway en bus. Pourtant, même si je suis resté inactif durant la majeure partie, je suis littéralement crevé.
Hier soir, j’ai suivi mon programme à la lettre. Passage obligé par Temple Bar pour trouver parmi les 80 pubs celui qui sera le bon. En fait, je n’ai pas vraiment cherché, je suis plus ou moins allé directement au Porter House, le pub où je m’étais retrouvé avec Seb et dont je caractériserai volontiers l’ambiance d’Irlandaise (ça a l’air logique comme ça, mais si vous cherchez une ambiance typique, vous comprendrez ce que je veux dire). C’est un bar assez particulier puisqu’il ne vend aucune Guinness (oui, incroyable) mais ses propres bières Home made. Il y a aussi quelques autres bières d’importation et, d’après ce qu’on m’a dit, la possibilité de se faire offrir une bière si on en ramène une inconnue.
J’arrive donc dans ce pub, où il y a déjà beaucoup moins de monde que vendredi. Tel un habitué, je prends une pinte et vais m’asseoir de façon à voir les musiciens qui viennent jouer en live. J’ai un peu peur. C’est un type, tout seul, qui chante une complainte. Il réciterait un poème, ça aurait autant de rythme. Mais voilà que ses deux compères arrivent, flûte, guitare, cornemuse et tambourin, et débute la musique traditionnelle, la vraie, celle entraînante. J’ai donc passé un excellent moment, jusqu’à ce que le groupe arrête de jouer, me faisant rentrer à minuit.
Contrairement à ce que je pensais, Ally et Jane étaient déjà en train de dormir. Nous nous sommes réveillés en même temps le lendemain, mais j’étais un peu pressé. J’ai juste eu le temps de comprendre qu’elles restaient deux jours. Vu la taille de leurs valises, il est cependant possible qu’elles continuent leur voyage comme moi. J’ai rapidement préparé mes bagages, il était déjà temps de prendre le bus. Le city-link, que j’ai préféré aux Bus Éireann ou au train, s’est révélé agréablement bon marché (12 euros pour presque 300 km, pour un bus loin d’être low-cost !) et je suis monté presque sans problème, si on excepte que je n’avais pas compris que le chauffeur voulait savoir si je prenais un aller-simple ou un aller-retour.
La route s’est montrée pleine de verts pâturages et de moutons, quelques habitations ou petits villages de-ci de-là, mais peu de choses marquantes au final. L’Irlande à pied, ce qui était mon projet initial, ça m’aurait tué. D’ailleurs, j’ai souffert du poids de mon sac au départ comme à l’arrivée. Et encore, l’auberge de jeunesse n’était pas si loin de l’arrêt de bus.
Me voici donc à Galway. ça m’a fait un peu mal au cœur de quitter Dublin, forcément, je commençais à y avoir mes habitudes, mais que diable, où serait l’aventure sinon ? Galway me surprend beaucoup. C’est la cinquième ville la plus importante du pays et c’est pourtant à l’opposé de Dublin. Pour une ville de bord de mer, le temps est beaucoup moins clair (entendre plus nuageux). La ville est faite de vieux bâtiments, ça fait très 19e siècle. Beaucoup moins de touristes et de monde dans les rues, même si ça se trouve, notamment dans Quai Street, l’artère principale qui me rappelle le Vieux Lille.
L’auberge de jeunesse est quant à elle le contre-exemple complet de celle de Dublin. Elle est très moderne, Internet est gratuit, la douche est dans la chambre… Le staff est un peu moins accueillant et souriant, mais ça s’arrangera peut-être. Je suis pour l’instant tout seul, comme à mon arrivée à Dublin, dans une chambre de 6 et je ne me fais pas d’illusions : ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne se joigne à moi. Au passage, j’ai oublié mon adaptateur si durement acquis à Dublin, mais j’ai heureusement trouvé un moyen de faire fonctionner les prises électriques sans. Il suffit d’appuyer sur ce qui fait office de prise de terre (je le fais avec une clef) pour pouvoir introduire la prise française sans soucis.
Cet après-midi, petit tour à l’office de tourisme pour la préparation des prochains jours et de mon départ (note au voyageur : toujours prêt !). Galway est une ville inconnue et pourtant, j’y suis moins anxieux qu’à mon arrivée à Dublin. Je commence à m’habituer ?
…
Dommage, ça faisait une bonne fin de journée mais j’ai encore mieux. Il est à peine 19h30, je m’apprêtais à sortir et cinq jeunes filles, 25 ans environ, viennent d’investir les lieux. Je me retrouve tout seul parmi elles. Cette histoire ne cesse d’avoir les rebondissements les plus invraisemblables, ça devient dénué de toute crédibilité… Je vais aller boire un verre pour revenir à la réalité.
