Hier aura probablement été une de mes meilleures journée en Irlande. Je suis allé dans des endroits et j’ai vu des paysages impressionnants. Et la soirée, bien que courte, n’aura pas été mal non plus.
Je suis sorti courageusement sous la pluie, pour m’arrêter au Murphy’s Bar, annonçant de la musique traditionnelle. Je m’en vais au bar, demande une Guinness, et regarde le patron disparaître. Une fille à mes côtés, un peu moins de vingt-cinq ans, me lance un « Hi! » joyeux auquel je répond à peine (écoute, c’est pas que tu m’embêtes là, mais j’ai soif). Le patron revient et me demande mon identification. Saleté de passeport, je m’étais promis de ne pas l’oublier et c’est pourtant le cas… Pas deux soirs de suite ! Je retourne à l’auberge de jeunesse en quatrième vitesse et reviens au pub avec le même empressement. La fille et le patron se marrent en me voyant revenir à la charge, mais j’ai gain de cause et obtiens ma Guinness.
Vu qu’elle est toujours là à me sourire, j’engage la conversation avec Janis, accompagnée de son ami John. Deux anglais en vacances (moi qui croyais avoir affaire à la chaleur irlandaise) qui entament le Ring Of Kerry. La musique traditionnelle démarre, c’est malheureusement celle avec de l’accordéon… Je resterai jusqu’à 22h30 puis, complètement crevé, rentre à l’auberge, où William s’apprête à s’endormir. Will qui me réveillera le lendemain à 6h ; il s’en allait probablement dévaliser une banque.
Ce matin, je me prépare rapidement pour attraper le bus qui me mènera de Killarney à Cork. Le temps est toujours le même, entre trombes d’eau et feux du soleil. Je patiente un peu avant de monter dans le bus, pour un voyage qui se passera une fois de plus sans encombre, et qui passera vite, me faisant arriver à 12h à Cork. L’auberge de jeunesse est cette fois assez loin de la station de bus, et je peine à y monter mon sac, les rues menant à l’AJ ressemblant à celles de San Francisco. Mais j’y arrive… J’y suis accueillis de manière assez indifférente, bien que le type parle français, et j’accède à un dortoir d’une douzaine de lits, le mien étant situé dans une alcôve séparée, pour quatre personnes. Je la partage déjà avec Henry, vingt-cinq ans peut-être, très certainement Français (un exemplaire du Monde repose sur son oreiller).
Je pars manger dans un restaurant à tendance familiale-chic, de l’autre côté de Cork, à côté de la Cathédrale Saint Fin Barre. Entre les autres clients endimanchés, j’ai du mal à m’y sentir à ma place : j’ai mis une demi-heure à décider si je devais manger mon hamburger à la main ou avec mes couverts… Mais le repas était consistant et le prix abordable. Je quitte le Probys Bistro pour me diriger vers l’office de tourisme, où je dégotte un plan de la ville et les horaires de bus pour Kilkenny, ma prochaine destination. L’après-midi passera ensuite plutôt rapidement, puisque je pars en vadrouille à travers la ville en guise de tour de reconnaissance (verdict : un vrai labyrinthe).
Cork repose sur la rivière Lee (oui, comme le général sudiste) et s’avère moins envahie par les touristes que par les écoliers en uniformes (verts, bleus, rouges, gris ou noirs). Après avoir bien marché (décidément, je ne me repose jamais) et avoir mis au point mon emploi du temps pour mon séjour ici, il est déjà temps de retourner manger. Je vais à la Ginger Bread House, un resto qui ressemble à une petite cafétéria de prime abord mais qui est en fait très sympa avec son cadre un peu vieillot et sa clientèle de tous horizons, sans parler de sa musique pop de qualité. Surtout, les prix permettent un repas entrée-plat-dessert et boisson. Que tu me sembles loin, Killarney…
Cork me laisse donc une bonne première impression, je ne risque pas de m’y ennuyer, en espérant que le temps (clément) se maintienne. Henry se révèle bien être Français, travaillant à Cork dans un hôtel et pour l’instant en quête d’un appartement. En fait, à y réfléchir, je n’ai pas croisé beaucoup de touristes au cours de ma journée, encore moins des Français. Voyager hors saison a ses avantages…