Turin en un jour

Je n’avais qu’un jour à consacrer au Turin à la fin de mon roadtrip en Italie du Nord, et il a fallu faire des choix. J’avais déjà dû mettre Turin de côté lors de mon dernier voyage en Italie, alors que je mourrais d’envie de visiter son musée du cinéma.

Cette fois encore, la capitale du Piémont a pâti de sa réputation de ville austère et industrielle et m’a fait la considérer, de prime abord, avec dédain. Elle arrivait à la fin de mon voyage et je n’avais plus beaucoup de temps à lui consacrer. Pourtant, Turin mérite amplement qu’on s’y arrête.

La ville m’a charmé dès que j’ai pu flâner dans son centre. Elle fait la part belle aux piétons, comme beaucoup de villes italiennes, et on prend beaucoup de plaisir à déambuler de places en places, en passant par des galeries ou sous ses belles arcades (il y en aurait 19 kilomètres en tout !). On gravite très rapidement autour de la place Castello, qui oppose le Palais royal au palais Madame.

Mais d’autres sont également très agréables, comme la place San Carlo, avec ses deux églises jumelles (l’église Santa Cristina et l’église San Carlo Borromeo). De mon côté, je pense que l’endroit que j’ai préféré découvrir fut la Galleria Subalpina, un superbe passage couvert de style Art Nouveau, datant de 1874. Des passages couverts, il y en a plusieurs à Turin, et ils ajoutent encore au charme de la ville.

J’étais donc agréablement surpris avant même d’avoir effectué ma première visite. Pourtant, Turin cachait encore bien son jeu.

Le Palais royal

Tant qu’à être à proximité, j’ai commencé par visiter le Palais royal. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Palazzo Reale fut édifié en 1646 et servit de résidence royale aux Princes de Savoie jusqu’en 1865.

L’entrée (15€ par adulte, gratuite pour les enfants) donne accès aux appartements d’État, à l’armurerie, à la Chapelle du Saint-Suaire, à la galerie Sabauda, au musée des Antiquités, aux jardins royaux et bien plus encore… C’est immense, énorme, beaucoup trop, en fait, pour espérer tout voir dans la même journée, tant les collections sont riches et denses.

La partie classique du musée donne accès aux appartements du roi. Dès le grand escalier, à l’entrée, on ne peut s’empêcher de regarder autour de soi, jusqu’au plafond, pour admirer les mille et uns détails qui habillent l’endroit. Des chambres à la salle à manger, les intérieurs sont magnifiques et on se promène de pièce en pièce, dans un décor de conte de fée.

L’armurerie n’est pas en reste, avec un écrin au moins aussi impressionnant que les collections qu’elles abritent. Je ne suis pas un fan des armes, loin de là, mais il faut avouer que la scénographie en mets plein la vue. De là, de manière assez logique, on arrive à la chapelle du Saint-Suaire, un bijou architectural que j’ai eu du mal à quitter.

Mon seul regret est peut-être l’absence d’interactivité ou de plus d’explications sur place. Avec les enfants, on s’est contenté d’enchaîner les salles en en précisant l’usage, mais difficile d’aller plus loin. De ce que j’ai compris, il existe un audioguide (sur smartphone) adapté aux enfants, mais pour peu que vous en ayez un en poussette, ce n’est pas forcément adapté. Surtout que la visite ne se limite pas aux appartements…

C’est sans savoir à quoi m’attendre que j’ai pénétré dans la galerie Sabauda, pour y découvrir un musée à part entière, présentant des peintures du XIVe au XXe siècles, essentiellement italiennes, mais aussi flamandes et hollandaises. Après en avoir admiré une bonne partie, j’ai dû couper court à la visite. J’étais loin d’avoir tout vu, mais les enfants trépignaient, il était temps d’aller prendre l’air dans les jardins. J’ai donc jeté un œil distrait à la partie dédiée aux antiquités avant de sortir. Après tout ça, les jardins royaux m’ont peu impressionné et c’était peut-être la seule — relative — déception de cette visite.

Au final, je n’ai cessé d’être émerveillé devant tout ce que le palais royal avait à offrir, mais c’était sans doute trop. On pourrait facilement y passer une demi-journée complète, mais même sans enfant, je pense que j’aurais saturé avant d’arriver au bout. Ce qui ne m’empêche pas de vous recommander d’y faire un tour.

Le Musée du cinéma ou Mole Antonelliana

C’est le symbole de Turin. Conçu en 1863 pour accueillir une synagogue (projet qui fut finalement abandonné), ce dôme de 167 mètres de haut est tout simplement le plus grand – et le plus somptueux – musée du cinéma du monde. On l’aperçoit de loin et je trépignais d’y mettre les pieds. Ma seule crainte était, comme pour le palais royal, de ne faire que le traverser sans pouvoir en profiter pleinement, au risque de lasser les enfants.

La visite du musée commence par les premiers pas du cinéma, des premières lanternes magiques aux chromatographies. La muséographie est très ludique et interactive, ce qui en fait un musée parfait pour les familles. Les enfants ont beaucoup de choses à observer, mais peuvent aussi participer et s’essayer eux-mêmes à l’art du cinéma. Entre illusions optiques et projections, impossible de s’ennuyer !

Mais c’est quand on pénètre dans le dôme, cet espace vertigineux de 85 mètres de haut, qu’on écarquille les yeux. Dans cet immense hall, des transats invitent à profiter des projections sur les deux écrans géants. Le musée continue, en serpentant le long du dôme, sur plusieurs étages. On passe au cinéma moderne, on traverse des décors, on admire les statues et les enfants peuvent à nouveau s’essayer aux techniques cinématographiques en testant l’art du fond vert par exemple.

Dans le hall, on trouve également deux salles de VR, accessibles à tous, à condition de faire la file. pas excessivement intéressante à mon sens (mais plus pour les enfants), et surtout, il faut faire la file. Si vous avez un ado avec vous, il voudra peut-être absolument tenter l’expérience (ça sent le vécu, non ?), et tant pis si les films diffusés dans les casques sont en anglais. Ce n’est pas l’aspect le plus intéressant du musée de mon point de vue.

Le clou du spectacle, c’est l’ascenseur panoramique qui permet de monter dans la coupole du Mole et offre une vue époustouflante sur Turin. La réservation pour l’ascenseur en ligne est obligatoire et les places partent très vite. De manière très organisée, je n’avais pas réservé ma place à l’avance et quand j’ai voulu le faire, la veille de mon arrivée à Turin, il était déjà trop tard. Sachez-le, fin août, pour profiter de la coupole, il faut s’y prendre plusieurs jours à l’avance.

Pour l’entrée, il faudra prévoir de débourser environ 16 euros pour un adulte (20 euros pour le ticket combiné avec l’ascenseur panoramique), le tarif était dégressif pour les enfants et gratuit pour les moins de six ans. Après ce Mole, je n’ose plus aller dans un autre musée du cinéma, de peur d’être déçu.

Un petit voyage en tram

Si vous venez à Turin un dimanche ou un jour férié (et peut-être aussi certains samedis, mais je ne garantis rien), vous pourrez profiter d’un tour en tramway historique ! La ligne 7 propose en effet un parcours en boucle d’environ 45 minutes. Le départ s’effectue normalement toutes les demi de chaque heure (une fois par heure, donc), sur la piazza Castello, au prix d’un trajet classique de 1,70 euros.

Ce n’est par contre par la visite la plus évidente à réaliser. Ne sachant pas où se trouvait l’arrêt du tram, je me suis rendu à l’office de tourisme en espérant y trouver des informations. Il a fallu que mon interlocutrice interroge sa collègue, ignorant complètement de quoi je lui parlais. Au final, elle ne m’a pas dirigé vers la piazza Castello, mais vers la piazza Carlo Emanuele II.

Au niveau du ticket de transport, n’espérez pas l’acheter à bord du tram. C’est par contre possible à la gare ou aux bars-tabacs (c’est d’ailleurs vers cette dernière option que l’office de tourisme m’a envoyée). C’est donc une aventure qui se mérite et qui ne s’offre pas au premier voyageur venu.

Au final, je suis arrivé quelques minutes à l’avance et, par chance, le tram était vide (ce n’est a priori pas toujours le cas). Je dois par contre préciser qu’une fois dans le tram, on ne voit pas grand-chose des monuments de Turin. Forcément, ça reste un moyen de transport avant tout, ce n’est pas un bus touristique. Mais ça reste une chouette manière de se déplacer et les enfants ont adoré cette petite balade dans un tram historique.

Conduire à Turin

J’en avais lu des vertes et des pas mûres sur le fait de conduire une voiture à Turin. Les conducteurs italiens ne sont déjà pas réputés pour leur courtoisie ou leur patience (note au voyageur : comme toutes les réputations, celle-ci est un peu usurpée), mais le pompon reviendrait aux Turinois. Passage au feu rouge, non-respect des limitations de vitesse, bref, multiples violations au code de la route et de quoi terroriser le touriste qui roule au pas parce qu’il cherche son chemin.

J’étais donc un peu nerveux en entrent dans Turin, mais tout s’est globalement bien passé. Il n’est pas impossible que je sois passé à un feu rouge, de peur de gêner le véhicule qui s’impatientait derrière moi, et effectivement, je n’ai pas vu grand monde respecter les limites de vitesse. Mais rien qui ne diffère vraiment de ce que j’ai pu voir au Québec !

Par contre, comme bien souvent en Italie, le centre-ville est une zone à trafic limité (ZTL). Il s’agit de zones à circulation restreinte, accessibles uniquement aux riverains et véhicules enregistrés. Attention à ne pas en franchir les limites, qui ne sont pas toujours évidentes, au risque de recevoir une amende de 150 euros ! Soyez donc attentifs aux panneaux (ou aux caméras, puisque c’est grâce à elles que les amendes sont infligées).

J’avais de mon côté prévu de me garer sur un grand boulevard, en redoutant un peu les tarifs des parcmètres. Sauf que, sans le savoir, en venant à Turin le week-end, je suis tombé un jour où le parking sur ces boulevards (et sans doute ailleurs dans la ville) était gratuit. J’ai ainsi facilement trouvé une place à deux pas du Mole, sans débourser un euro.

La visite de Turin fut une belle découverte et une jolie surprise. Je n’ai eu le temps de faire que deux musées, mais l’un comme l’autre sont maintenant mes mètres-étalons dans leur genre respectif. Honnêtement, j’étais un peu déçu de devoir quitter Turin sans en avoir vu davantage et j’aurais préféré avoir trois jours à y passer.

En l’état, je n’ai par exemple pas eu le temps d’aller voir le musée égyptologique, le deuxième plus grand au monde consacré à l’Égypte après celui du Caire, ni la cathédrale Saint-Jean Baptiste qui abrite le linceul du Christ. Si vous ne devez retenir qu’une chose de ces quelques lignes, c’est donc qu’on ne laisse pas Turin dans un coin. La ville mérite qu’on lui donne sa chance et saura certainement vous étonner.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.