Lost in London

Ce matin encore, j’étais en France. Les yeux collés à l’écran de la gare, je vérifiais que l’heure de mon train n’avait pas été modifiée. Ma destination ? London. Londres ne m’est pas inconnue, je dirais même que c’est une amie d’enfance. Avec plusieurs séjours sur place avec mes parents à mon actif, plus un séjour d’une dizaine de jours chez mon correspondant anglais au collège, j’aurais même dû la connaître par cœur.

En réalité, j’en suis encore loin. Ma connaissance de Londres se résume à une géographie basique de son centre-ville, de ses artères principales à ses grands magasins, en passant par ses sites touristiques les plus connus. C’est pourquoi j’en ai fait, sans trop d’hésitation, la destination de mon deuxième voyage en solo.

A l’heure qu’il est, je planifie tant bien que mal mon début de soirée à la table du self que j’occupe. Est-ce le décalage horaire ? La journée est loin d’être terminée et je suis pourtant prêt à aller dormir… Le voyage en Eurostar Lille/Londres s’est passé de lui-même. Rien à en dire, tout s’est fait très rapidement, sans retard ni délai, avec une efficacité toute britannique. Dans mon souvenir, c’était interminable, mais le temps paraît bien plus long lorsqu’on est enfant.

Arrivé à la Waterloo Station (eh oui, ce voyage est aussi un voyage dans le temps, lorsque l’Eurostar n’arrivait pas encore en gare de Saint-Pancras), mon premier réflexe est de suivre la foule pour trouver la sortie de la gare. Sauf que ce n’est pas aussi simple… Revenons quelques instants en arrière. A la sortie du train, après avoir descendu trois escaliers, grimpé deux échelles et sauté sur un champignon, je suis passé avec le reste des voyageurs devant le poste de douane.

Douane très relâchée, peu de surveillance, on est en Europe après tout, accord de libre-circulation etc. Les quelques douaniers présents à cet endroit sont alignés à côté des portes et reluquent les gens qui passent devant eux. Je leur jette à peine un coup d’œil, mais ça suffit à titiller leur intérêt. Oh my god, un homme qui voyage seul, c’est suspect ! Je me fais arrêter par l’un d’eux et je suis sommé de présenter mon passeport ainsi que mon billet de train. On me demande si j’ai prévu de descendre à un hôtel et lequel, quel est le but de mon voyage… L’interrogatoire n’ira pas jusqu’à la fouille, mais à ce stade, ça ne m’aurait plus vraiment étonné.

Il me laisse finalement repartir avec quelques politesses d’usage et je m’en vais sans lui tenir rigueur de sa suspicion. C’était plutôt rigolo en fait, et je suis plutôt content de constater que mon anglais ne s’est pas trop rouillé depuis mon voyage en Irlande. But this is just the aperitif, Jenny Après avoir laissé le douanier derrière moi, je me rends compte que je n’ai plus personne à suivre pour sortir de la gare. Ben voyons. ça ne doit pas être si compliqué !

Après dix bonnes minutes (oui, ce n’était pas si évident), je me débrouille pour trouver une sortie et je débarque enfin officiellement à Londres. Mais où, à Londres ? Je n’ai pas de plan, juste quelques indications que j’avais griffonné à la va-vite pour trouver mon chemin à la sortie de la gare. J’étais censé prendre la première rue à gauche, puis encore à gauche. Sauf que je ne suis pas sorti du bon côté. Je range mon brouillon d’itinéraire, navigue au radar et j’arrive sous un pont à côté d’un joueur de cornemuse. Un peu cliché ? C’est pourtant vrai. Je prends la rue suivante à droite, puis une autre à gauche… Me suis-je perdu ? Pas encore ! Un arrêt de bus, un plan, et je trouve enfin un pont pour traverser la Tamise.


london_waterloo_bridge

Sur le chemin du centre-ville, j’avais prévu de faire étape à l’Abbaye de Westminster. Inutile de présenter l’édifice religieux le plus connu de Londres, classé au patrimoine de l’UNESCO et qui abrite les sépultures de la plupart des monarques britanniques, mais aussi des monuments à la gloire de grands écrivains ou de scientifiques (tel Isaac Newton). D’après mon plan, j’aurais juste eu à traverser la Tamise pour tomber dessus… Mais j’ai dû laisser mon sens de l’orientation dans le train, car je ne trouverais jamais Westminster ! Plutôt que de revenir sur mes pas, je continue sur ma lancée et tombe miraculeusement sur le St James Park et sur Buckingham Palace. Pas de relève de la garde à laquelle assister aujourd’hui mais ce n’est pas bien grave.

Je poursuis mon périple sans carte ni GPS, dans des rues dont je ne reconnais pas le nom, en m’attendant à tomber tôt ou tard sur Picadilly Circus. Le summum de mon égarement viendra sous la forme d’un Hollandais, qui me demandera où prendre le métro. Je suis malheureusement incapable de l’aider… Me fiant à mon instinct, j’arrive à retomber sur mes pieds et, après avoir emprunté un labyrinthe impressionnant de rues en tous genres, et être tombé par hasard sur une garnison de gardes du corps, je me retrouve à ma destination : Hyde Park.


Hyde Park

Hyde Park, c’est un peu le joyaux de Londres. Agréable en toute saison, on y croise assez d’écureuils pour en rêver la nuit suivante et on peut s’y promener suffisamment de temps pour oublier qu’on est au cœur d’une des capitales les plus animée d’Europe. Le traverser de part en part peut vite prendre un temps fou et c’est pourtant ce que j’ai entrepris de faire, mon hôtel se trouvant au Nord du parc, dans le quartier de Paddington. Plus question de me perdre maintenant, j’ai le plan minuscule qui venait avec la réservation de l’hôtel dans la main et je sais où je vais. Arriver jusqu’à mon hôtel ne m’aura jamais pris que trois heures…

L’après-midi est déjà bien avancée et je n’ai pas encore mangé, mais je décide de mettre mon appétit de côté pour me nourrir culturellement à la place. Je retourne me perdre dans Londres pour visiter la National Portrait Gallery. Je suis probablement touché par la grâce puisque je ne me perdrais que deux fois pour y parvenir. J’y séjourne deux heures durant. Comme de nombreux musées nationaux à Londres, l’entrée est gratuite et vaut le coup d’y faire une halte. Elle abrite de nombreux portraits de personnages historiques anglais, ce qui importe étant la notoriété de ceux-ci et pas l’identité de la personne les a peint. De fait, tous les portraits ne sont pas exceptionnels et il faut avoir une solide culture anglaise pour réussir à remettre chaque célébrité dans son contexte.

Par Ham — Travail personnel, CC BY-SA 3.0


Je sors complètement épuisé, mes jambes peinant à me soutenir après avoir tant piétiné. Je tourne en rond quelques minutes, avant de me rappeler que j’ai faim. Je décide de chercher un resto décrit dans mon guide mais abandonne après avoir parcouru trois à quatre fois la rue la plus longue du monde (d’accord, j’avoue, Oxford Street n’est pas la rue la plus longue du monde mais après mes différentes péripéties, je manque un peu de perspective). Je termine ma journée dans un Prêt à Manger pour manger un sandwich, ce qui n’a rien original, mais l’enseigne m’aura convaincu aux mots « organic » et « natural ». Effectivement, à défaut de faire un repas gastronomique, les produits ont l’air frais. Je rentre ensuite à l’hôtel me faire chauffer un thé.

Je l’oublie à chaque fois mais il faut toujours y aller doucement le premier jour d’un voyage, au risque de s’y casser les dents. Londres n’a définitivement pas fait exception.

(Note au voyageur : à défaut d’un GPS, emporter une carte de la ville dans laquelle on se rend est le plus sûr moyen d’éviter les désagréments rencontrés par le héros dans notre histoire)

One Reply to “Lost in London”

  1. […] Épuisé par mon premier jour à Londres, j’ai terminé ma découverte de la capitale britannique sur un sandwich. Quand je suis sorti […]

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