Avant cet automne, je n’étais jamais allé à Paris en famille. J’avais déjà abordé la capitale à travers quelques visites plus ou moins insolites, mais c’était alors sans enfant, ce qui peut énormément changer la donne. Et puisque Paris s’était peu à peu matérialisée dans l’esprit de mon plus jeune au travers des livres de la bibliothèque, les vacances d’automne devenaient l’occasion rêvée d’y passer quelques jours, entre incontournables et inattendus.
Inattendus, parce que ce voyage a un peu été organisé en dernière minute. Reléguant l’organisation aux calendes grecques, il ne m’est jamais venu à l’esprit que tout le monde se donnerait rendez-vous à Paris durant les derniers jours d’octobre. Est-ce que j’aurais dû réfléchir aux visites que je souhaitais effectuer et faire quelques réservations ? Peut-être. J’ai ainsi réalisé que vouloir visiter le Musée des Arts Forains ne s’improvisait pas. Mais j’ai heureusement toujours réussi à retomber sur mes pattes.
Entre les tombes du cimetière Montparnasse
À peine arrivés à notre hôtel, dans le 15e arrondissement, s’est posé la question : comment occuper la fin d’après-midi ?

Ça faisait longtemps que je n’avais pas erré dans un cimetière, et à Paris, on pense souvent d’abord au Père Lachaise. Moins connu, le cimetière Montparnasse héberge pourtant son lot de célébrités. C’est en cherchant ce qui se trouvait aux alentours sur Google Maps que nous avons découvert que des grands noms, Charles Baudelaire, Maupassant, Gainsbourg ou Samuel Beckett pour ne citer qu’eux, étaient enterrés là.

Nous avons profité que ce soit Halloween pour proposer aux enfants une petite virée dans le cimetière, eux pour qui ces noms étaient ceux d’illustres inconnus. Si le manque de décorations d’Halloween les a un peu déçus, nous y avons quand même erré un peu plus d’une heure, aidé plus par Google Maps que par le plan à l’entrée pour nous y retrouver. Entre chiens et loups, déambuler entre les tombes et tomber nez à nez avec une sculpture de Niki de Saint Phalle, ou sur les tombes de Jane Birkin ou de Simone de Beauvoir, m’a beaucoup plu. Sans doute plus qu’aux enfants.
Je pense que ce qu’ils ont préféré fut la fermeture du cimetière, quand le gardien à l’entrée s’est mis à sonner une cloche et à annoncer la fin des visites. Le petit a été fortement impressionné.
Visiter le Musée d’Orsay
C’était LE musée que j’avais envie de faire, n’y ayant jamais mis les pieds.
Loin d’être la visite la plus évidente quand on vient à Paris avec des enfants, le Musée d’Orsay a au moins pour lui son tarif particulièrement kids friendly. Gratuit pour tous jusqu’à 18 ans, le prix des billets est même réduit pour les adultes qui les accompagnent. Alors certes, les audioguides restent en supplément, mais à 22 euros comme tarif de base pour quatre personnes, on peut difficilement faire mieux pour visiter un musée à Paris.

Et les enfants peuvent finalement assez vite y trouver leur compte ! Pour les plus grands, c’est l’occasion de découvrir des artistes de renoms, avec des chefs-d’œuvre de Monet, Rodin ou Van Gogh. Pour les plus jeunes, c’est entrer dans un lieu visuellement impressionnant, avec cet immense hall au plafond magnifique. On franchit des plateformes à plusieurs dizaines de mètres du sol, on passe derrière des parois translucides ou derrière les immenses horloges qu’on peut admirer sur la façade qui donne sur la Seine…

Il aura cependant fallu nous y reprendre à trois fois pour visiter le Musée d’Orsay. N’ayant pas réussi à réserver la veille de mon départ, j’avais vu qu’il était possible de se présenter sans billet. Le plan était donc d’y aller dès le matin, en croisant très fort les doigts. Mais l’organisation matinale n’étant pas innée dans notre famille, nous sommes arrivés au Musée un peu après 10h30, pour découvrir une file décourageante. Plutôt que de faire attendre les enfants, nous sommes donc passés au plan B (voir point suivant).

Le jour suivant, rebelote. Nous avions essayé d’arriver plus tôt, le musée ouvrant ses portes dès 9h30, mais une panne de métro a mis fin à tous nos espoirs. Ce n’est qu’à notre troisième essai que, prenant un peu d’avance sur ma tribu, j’ai pu avoir une bonne place dans la file des personnes dépourvues de ticket. Une file qui avançait finalement assez vite, même si je ne vous conseille pas d’arriver trop tard.
Sur la seine en Batobus
Une activité que nous avions prévue dès le départ, taillées pour les enfants, c’était bien sûr de naviguer sur la Seine.

Quand on me parle de visiter Paris au fil de la Seine, je pense automatiquement aux bateaux-mouches. Je ne connaissais pas la compagnie des Batobus, qui proposent via un billet valable 24h ou 48h de monter et descendre à volonté à la dizaine d’arrêts que compte leur parcours.
Du Musée d’Orsay au Jardin des Plantes, en passant par le Louvre ou la Place de la Concorde, le tour est plutôt complet. Il faut attendre environ vingt-cinq minutes entre chaque bateau et les billets peuvent être achetées à n’importe quel arrêt (sauf fermetures exceptionnelles). N’attendez cependant aucune explication à bord, ce n’est pas le concept. Il existe cependant un audioguide pour smartphone, si c’est quelque chose qui vous tient à cœur.

Pour les enfants, un kit « Enquête à bord » est disponible pour un peu plus de dix euros, et propose de mener l’enquête à chaque arrêt du Batobus à travers un carnet illustré. Le contenu est accessible dès 6 ans (à condition que les parents encadrent un peu) et parfaitement adapté dès 9 ans. C’est ludique, instructif, même si parfois un peu tarabiscoté (heureusement, les solutions se trouvent aussi dans le carnet). Une bonne manière d’occuper une journée à Paris en visitant ses principaux centres d’intérêts, de la Tour Eiffel à Notre Dame.
Visiter Notre Dame
Car l’un des arrêts du Batobus se fait bien entendu à Notre Dame. N’ayant eu l’occasion d’y mettre les pieds depuis des années, c’était la première fois que j’y retournais depuis sa rénovation (et c’était la première fois tout court pour les enfants).

Si la cathédrale est ouverte à tous, librement et gratuitement, le site Internet propose de réserver son entrée à l’avance. Manque de chance, comme nous nous y étions pris à la dernière minute, il était impossible d’effectuer une réservation. Nous avons donc pris la suite d’une file encore plus longue que celle démarrant à l’entrée du Musée d’Orsay. Si la file est impressionnante, elle avance à un bon rythme, au point que nous n’avons pas dû patienter plus d’un quart d’heure avant d’entrer dans l’édifice.

Est-ce vraiment intéressant de rentrer à l’intérieur de Notre Dame ? Je laisse la question ouverte et je laisse à chacun le choix d’y répondre. Pour ma part, passé le côté mythique du lieu, je reste finalement un peu sur ma faim. Sans doute que les cathédrales italiennes, plus richement décorées, m’ont habitué à plus de faste.
Surtout, le Batobus nous avait fait découvrir un peu plus tôt l’église de Saint-Germain-des-Prés, qui prend place sur l’ancienne Abbaye du même nom. Récemment restaurée, elle aussi, je l’avais trouvé superbe avec son plafond étoilé, et forcément plus intimiste que la fameuse Cathédrale.
Monter au sommet de la Tour Montparnasse
En termes de symbole, monter au sommet de la Tour Eiffel était très tentant, surtout pour le faire vivre aux enfants (même si mon plus grand l’a déjà fait). Mais vous êtes-vous récemment renseigné sur les prix ? Il faut compter quasi 30 euros pour aller en haut de la Tour Eiffel, voire plus si veut tout faire en ascenseur. On peut bien sûr accéder au second étage pour un peu moins cher, mais est-ce aussi impressionnant ?

Gardant le projet pour une autre fois, nous nous sommes mis à la recherche un autre point de vue sur la ville, pour nous arrêter au 57e étage de la Tour Montparnasse. Le prix pour l’atteindre est finalement assez proche de celui du second étage de la Tour Eiffel avec ascenseur (23 euros à l’heure d’écrire ces lignes, moins cher si vous l’achetez en avance sur internet), mais au moins, une fois qu’on est en haut, on a une jolie vue sur… la Tour Eiffel.
Pour être monté en haut des tours d’Osaka ou de Tokyo, j’étais un peu déçu de ne pas avoir droit à une animation dans l’ascenseur ou à un étage avec de la musique et des boules à facettes (ils savent s’amuser au Japon). Mais la Tour Montparnasse offre quand même quelques casques de réalité virtuelle et une vidéo pour se replonger dans l’historique de Paris.

Une fois fait l’étage principal, nous sommes grimpés sur le toit de la tour, et c’est finalement ce que j’ai préféré. Pas de décorations extravagantes, de photos en 3D, de vidéo ou de VR : juste une vue à 360° sur Paris et des transats. Le fait qu’il faisait beau ce jour-là a dû aider, c’est sans doute moins agréable lors d’un automne pluvieux.

Est-ce que ça peut remplacer une visite à la Tour Eiffel ? Au niveau symbolique, probablement pas. Mais ça reste une bonne alternative, surtout si pour vos enfants, l’intérêt est de voir la dame de fer, pas d’y monter.
Passer sous la Tour Eiffel
La Tour Eiffel, on l’a donc vu de plus ou moins haut, mais on a quand même voulu aller la voir de près, surtout qu’un des arrêts du Batobus nous faisait débarquer littéralement à ses pieds.
J’ignorais que, depuis quelques années, le parterre de la Tour Eiffel est barricadé derrière des palissades plus ou moins transparentes et qu’il est donc impossible d’aller en dessous librement, comme c’était le cas avant. Il faut à présent passer un portique de sécurité, et faire la file même si vous ne comptez pas monter sur la Tour.

En fin de journée, la file n’était cependant comparable ni à celle du Musée d’Orsay, ni à celle de Notre Dame, et en cinq minutes, nous étions entré dans le jardin qui mène à la Tour. Il commençait à faire noir ; forcément, en automne, les journées raccourcissent. Mais ça s’est révélé être une excellente chose, puisque voir la Tour Eiffel illuminée était bien plus marquant aux yeux des enfants.

Nous sommes restés là quelques minutes, le temps de passer sous la Tour, de voir les ascenseurs y grimper, un jeu de lumière animer la Tour, avant de croiser des canards perdus dans la pelouse et de repartir.
Où manger, où dormir dans le 15e arrondissement ?
Je l’ai mentionné plusieurs fois, c’est donc dans le 15e arrondissement que nous nous étions installés. Un quartier pratique, situé non loin de la Tour Eiffel, qui nous semblait être un bon point de départ pour nos excursions quotidiennes. Je ne vais vous dresser une liste de restaurants (je me dois quand même de mentionner les crêperies de la rue d’Odessa, dans le 14e), pour en retenir deux qui m’ont particulièrement marqué.
Le Bouillon Chartier
Déjà très médiatisé, ce bistrot a un concept bien simple : proposer une cuisine abordable à travers une carte simple de recettes traditionnelles françaises. Il existe trois adresses, dont une à proximité de la Tour Montparnasse. Peu importe celui que vous choisissez, l’expérience devrait être identique : il y a d’abord la file, à l’extérieur du restaurant. Il faut prévoir de patienter un peu, même en y allant tôt. Ensuite, vous prenez place dans une jolie salle décorée façon art déco, où des serveurs en blancs et noirs virevoltent entre les tables. Le service est attentif, rapide, mais je ne me suis jamais senti pressé. La cuisine est de bonne facture, le prix contenu, le contrat est rempli. Je ne connaissais pas le Bouillon Chartier avant d’y rentrer, j’en suis sorti parfaitement convaincu.

Le Tonkatsu Tombo
J’ai déjà mentionné le Japon, je vais rester au pays du soleil levant en évoquant sa cuisine. À l’ombre de la Tour Montparnasse, c’est un peu coin du Japon qu’on découvre dans le Tonkatsu Tombo. Son point commun avec le Bouillon Chartier ? Le restaurant n’est pas très grand, il rencontre par contre beaucoup de succès, et j’ai dû faire la file avant de pouvoir m’installer à l’intérieur. Le tonkatsu, c’est un plat à base de porc pané et frit. N’espérez pas y trouver des sushis ou du sashimi, mais des nouilles Udon. Bref, on est loin de l’attrape-touristes et, l’espace d’un moment, je me suis retrouvé plusieurs milliers de kilomètres plus à l’est. Et si l’excellence de la cuisine ne suffisait pas, le service est adorable. Seul bémol, la carte est peut-être moins accessible que celle du Bouillon Chartier… mais ça coûte toujours moins cher qu’un billet d’avion pour le Japon.
Quel hôtel pour une famille de quatre ?
Pour dormir, à quatre, je n’ai pas trouvé de meilleur rapport qualité/prix à Paris que les habituelles chaînes d’hôtels. C’est donc au Novotel Paris Centre Gare Montparnasse que nous avons passé trois nuits. L’expérience s’est révélée plutôt positive : la chambre était très correcte, l’hôtel était bien tenu et le personnel s’est montré toujours bienveillant. Le petit truc en plus, ce fut la présence d’un magicien au petit-déjeuner, et je pense que ça a largement marqué des points auprès des enfants. Je ne peux pas garantir qu’il soit présent hors congés scolaires (ni à chaque congé scolaire), mais je félicite l’hôtel pour ce bel effort. Si vous avez d’autres adresses familiales à Paris, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires !

Ces trois jours à Paris sont finalement passés bien vite, et le départ s’est fait en promettant à mes enfants que nous y reviendrions dès que possible. Après tout, il y a encore beaucoup d’incontournables que nous n’avons pas eu le temps de faire !



