La Montagne Sacrée de Varèse

C’est à l’occasion d’un séjour à Milan que j’ai découvert Varèse. J’étais alors à la recherche d’excursions à faire dans les environs de la capitale de la mode et c’est tout naturellement que je me suis intéressé aux grands lacs, à commencer par le Lac de Côme. Mais plutôt que d’aller jusqu’au Lac de Garde ou au Lac Majeur, j’ai préféré m’intéresser à celui, bien moins connu, de Varèse. Pourtant, ce qui m’y a attiré, ce n’était absolument pas son lac mais bien sa montagne sacrée.

Le Mont Sacré du Rosaire de Varèse, puisque c’est ainsi qu’il se nomme (ou Sacro Monte di Varese en version originale) est l’un des neuf monts sacrés que l’on trouve en Italie, dans les régions du Piémont et, comme c’est le cas ici, de la Lombardie. Ce que l’on désigne ici par le terme « Sacro Monte », ce sont des ensembles de chapelles dispersés dans des environnements naturels. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre quand j’ai acheté mon ticket de train pour Varèse, mais savoir que ces monts sacrés étaient tous classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO avait suffit à me décider. Est-ce que ça valait le déplacement ?

De Milan à Varèse

Quand j’ai planifié mon séjour à Milan, j’avais prévu de découvrir la ville en quelques jours et d’utiliser le reste de mon temps sur place pour explorer un peu la Lombardie. Mais étant venu à Milan en avion, je ne disposais pas d’une voiture pour sortir de la ville et je n’avais aucune envie d’en louer une. Je me suis donc tout naturellement tourné vers les transports en commun, avec le train régional en ligne de mire. Il existe en effet deux compagnies distinctes, à savoir la compagnie nationale Trenitalia et la compagnie régionale Trenord. C’est donc avec cette dernière que j’ai voyagé pour rejoindre Varèse.

Pour complexifier encore un peu les choses, il existe plusieurs gares à l’intérieur de Milan à partir desquelles embarquer à bord des trains régionaux. Pour aller jusqu’à Varèse, j’ai suivi les conseils de mon ami Google Maps et je me suis rendu à la station Domodossola. Une fois à la gare, le plus dur était fait : il m’a suffit d’acheter mon ticket à l’un des distributeurs automatiques (procédure qui est assez simple mais qui prends un peu de temps), à le composter et d’embarquer dans le train. En une heure environ, j’étais arrivé à la gare de Varèse. Pour 5,50 euros le trajet, j’étais plutôt satisfait du service.

Une fois à Varèse, il faut marcher un peu depuis la gare pour rejoindre le centre historique, une vieille ville de taille réduite mais dans laquelle il fait bon se promener, avec ses petites rues et ses places piétonnes. Comme dans chaque ville d’Italie, c’est l’occasion de faire un détour pour l’édifice religieux local, à savoir la Basilique San Vittore. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion d’observer en détails ses tableaux, ses fresques et ses chapelles : à midi pile, on nous a demandé de sortir et les portes de la basilique ont été refermées derrière nous, peut-être à cause des travaux qui occupaient l’une des nefs.

Ce qu’on constate tout de suite en parcourant Varèse, c’est qu’il s’agit d’une destination bien moins touristique que ne peuvent l’être les autres grands lacs. Si à Côme, les rues étaient littéralement prises d’assaut par les touristes, il n’y a pas la moindre trace de cette effervescence à Varèse. Alors, oui, le choix de restaurants auxquels s’attabler est beaucoup plus restreint, au point que je n’en ai pas vraiment à vous conseiller, mais les habitants n’interagissent pas non plus de la même manière avec vous. Je les ai trouvé particulièrement sympathiques à Varèse.

Je n’ai pas exploré davantage la ville puisque ce n’était de toute façon pas la raison de ma présence. Toujours à l’aide de Google Maps, j’ai cherché l’arrêt de bus auquel il me fallait attendre (le plus proche étant Veratti 14 (del Cairo)), où j’ai cru comprendre en déchiffrant les horaires qu’il était impossible d’acheter un ticket à bord du bus, et j’ai donc marché jusqu’à un bureau de tabac, non loin de là, pour aller en acheter. Honnêtement, je crois que la démarche était inutile, mais avec mon ticket en poche, j’ai pu monter bord du bus suivant sur la ligne C et monter en direction du Mont Sacré.

Le pèlerinage du Mont Sacré de Varèse

Le Mont Sacré n’est pas à Varèse même mais dans le parc régional de Campo dei Fiori. Il faut une petite demi-heure de bus pour arriver à l’arrêt Prima Cappella, qui permet d’accéder au début du pèlerinage et à la première chapelle. Le pèlerinage de Varèse compte en effet quatorze chapelles, réparties le long d’un sentier pavé de deux kilomètres dont l’ascension par un jour de beau temps ne devrait pas vous laisser indifférent. Au passage, je signale qu’il est possible de rester dans le bus pour arriver directement au sommet de cette montagne sacrée et faire le pèlerinage en mode facile, uniquement en descendant. De mon côté, j’ai préféré le faire à la dure, parce que j’aime me lancer des défis un peu idiots.

La Route Sainte commence donc par une porte de pierre et une première chapelle, en face de laquelle on trouve une fontaine. Attention, comme indiqué, l’eau de cette fontaine n’est pas potable ! N’oubliez donc pas de remplir votre gourde avant de monter jusque là. La chapelle, de son côté, n’impressionne pas vraiment par son architecture. Elle est sobre, un rien baroque, et c’est surtout pour la scène qu’elle renferme qu’elle mérite qu’on s’y attarde. Les quatorze chapelles illustrent en effet différentes étapes de la vie de Jésus Christ à l’aide de peintures et de statues de terre cuite vieilles de plus de 400 ans : on part de sa naissance pour finir par l’Ascension, en passant par le chemin de croix.

On ne peut pas entrer dans ces chapelles et il faut se contenter d’en contempler le contenu derrière les fenêtres et les grilles de fer forgées qui les protègent. Résultat, on ne voit pas toujours bien l’intérieur, surtout en plein soleil. Heureusement, il y a toujours moyen de les illuminer à l’aide d’un interrupteur, quand celui-ci veut évidemment bien fonctionner. Il y a toujours la possibilité de faire un don pour payer l’électricité si le cœur vous en dit…

Faut-il être croyant pour profiter de ce pèlerinage ? Je ne pense pas, et ce n’est en tout cas pas dans cet esprit que je l’ai effectué. Les chapelles se suivent et se ressemblent, et ce n’est pas les scènes qu’elles abritent, vues mille fois auparavant, qui vont vous décider à monter ce Sacro Monte. Par contre, l’aspect historique du lieu, son ambiance unique et son cadre en font un des lieux que j’ai préféré visiter lors de mon séjour à Milan. Il n’y avait pas foule sur place et j’effectuais souvent le trajet d’une chapelle à l’autre en étant absolument seul sur le chemin. Un sentier par ailleurs plein de verdure, avec ses arbres, ses fleurs… une végétation réellement foisonnante. Enfin, il y a l’effort. Ce n’est peut-être que deux kilomètres, mais le Mont Sacré prend vite des aspects du Sanctuaire d’Athena dans les Chevaliers du Zodiaque. Peut-être était-ce la chaleur, pourtant toute relative de ce jour-là, mais j’ai vécu la montée comme une épreuve, et j’étais bien content de pouvoir reprendre mon souffle à chaque chapelle sans avoir à y affronter un chevalier d’or.

Ça grimpe fort donc, et après avoir croisé deux premières fontaines dont l’eau était toujours indiquée comme non potable (une manière de mettre les guide fidèles à l’épreuve ?), on arrive enfin à une troisième fontaine où il est possible de remplir sa gourde. Heureusement, parce que la mienne était vide à ce stade… C’est justement autour de cette chapelle qu’on commence à apercevoir le sommet du Mont Sacré, mais il paraît loin, si loin, qu’on se demande si on va un jour y parvenir. Chapelle après chapelle, on s’en rapproche pourtant, pour finalement culminer à plus de 800 mètres.

Le pèlerinage ne se termine heureusement pas par un cul de sac, mais mène au contraire à un petit village, j’ai nommé Santa Maria del Monte, qui abrite un Sanctuaire dédié à la Vierge Marie. Les escaliers qui mènent à ce sanctuaire permettent d’accéder à une terrasse à partir de laquelle on peut profiter d’un magnifique panorama sur la vallée. La vue est splendide est permets de voir à des centaines de kilomètres alentours, des montagnes environnantes au lac de Varèse, sans oublier le chemin du pèlerinage sur lequel on peut jeter un dernier regard satisfait. Ouaip, on l’a fait.


Santa Maria del Monte, la perle cachée

Après en avoir pris plein les yeux, je rentre dans le sanctuaire, un peu blasé. Je n’en attendais rien, après toutes ces chapelles. Quelle erreur ! Si l’intérieur est minuscule en comparaison de la basilique de Varèse, la décoration est tout aussi opulente, en contradiction totale avec la sobriété des quatorze chapelles. Il y avait un rassemblement à l’intérieur quand j’y suis entré et j’ai donc préféré ne pas m’y attarder mais j’ai été soufflé par ce que j’ai eu le temps de voir.




A la sortie, je m’arrête à nouveau face au panorama, dont il semble difficile de se lasser. Autour de moi, je remarque que malgré sa taille, il y a de quoi casser la croûte sur place, même si le nombre de restaurants est forcément réduit. Je n’aurais de toute façon pas l’occasion d’en profiter. Un coup d’œil à ma montre me rappelle que je ne dois pas traîner. Il est déjà 16h passée, et si je veux redescendre à Varèse pour retourner à Milan avant qu’il ne soit trop tard, je n’ai pas intérêt à traîner.

J’ai pourtant beaucoup de mal à quitter Santa Maria del Monte, tant le petit village est surprenant. Après ces minuscules rues pavées qui font prennent des tours inattendus pour jouer avec la manière aléatoire dont il s’est construit, on se plaît à s’y perdre et à rêvasser. Je dois me forcer à suivre les panneaux qui indiquent la sortie pour ne pas rester là jusqu’à la tombée de la nuit, et les choses sont bien faites puisque cet itinéraire me fait passer sous certaines des maisons, dans des souterrains de pierre qui m’évoque des passages secrets moyenâgeux. Pour un peu, je me croirais dans Le Nom de la Rose.

Ce que j’appelle « la sortie », c’est le funiculaire vers lequel je me dirige. Car, oui, en plus de pouvoir arriver jusque là en bus, à pied ou en voiture, on peut également emprunter un funiculaire. J’aurais cependant bien du mal à vous dire quand et jusqu’où le prendre puisqu’il était fermé quand j’ai pointé mon nez à ses portes. Pourtant, d’après les horaires, il aurait dû être ouvert ! Mon conseil, si vous voulez en profiter : vérifiez bien qu’il soit ouvert et prévoyez un plan B au cas où.

De plan B, je n’en avais pas vraiment, mais je le suis tout naturellement tourné vers le bus pour quitter Santa Maria del Monte. Sauf que je n’avais pas réalisé qu’il n’y avait qu’un bus par heure qui desservait ces arrêts et que j’allais en rater un à cinq minutes près. Que faire ? Attendre le suivant ? Après le funiculaire fermé, je commence à avoir peur de la ligne de bus désaffectée. Comme je n’ai aucune envie de rester coincé au sommet du Sacro Monte, je décide de faire du stop, sans savoir si c’est autorisé en Italie. Par chance, je n’ai pas à lever le pouce bien longtemps : une dame descends elle aussi du village et monte à bord de sa voiture. Je me précipite à sa fenêtre et lui demande en anglais si elle peut me redescendre à Varèse. Elle accepte ! C’est le miracle de Varèse !

Je suis donc revenu à Varèse sans plus de péripéties, et j’ai terminé mon après-midi en dégustant une glace chez Seducigusti, à deux pas de la gare. Une fin de journée parfaite après une journée parfaite !

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